Volkswagen enregistre un troisième trimestre catastrophique
Le groupe Volkswagen a annoncé ses résultats pour le troisième trimestre, et ce n’est clairement pas bon. Les ventes dévissent et donc la marge opérationnelle également. En interne, on tire la sonnette d’alarme.
Texte : Gaël Angleviel / Images : Volkswagen Media
Volkswagen dévisse fort au troisième trimestre
Volkswagen n’avait pas enregistré une telle baisse depuis le Covid-19. Pour expliquer cela, il y a les coûts élevés des salaires et de l’énergie ainsi que la baisse des ventes. C’est notamment le cas pour les modèles électriques qui devraient pourtant assurer une certaine sérénité pour le groupe. Ainsi, le bénéfice opérationnel a baissé de 42 % pour atteindre 2,86 milliards d’euros sur un chiffre d’affaires de 78,5 milliards d’euros au dernier trimestre, selon une déclaration de VW. La marge opérationnelle a chuté à 3,6 %.
En conséquences, Volkswagen indique que ses résultats renforcent la nécessité de prendre des mesures drastiques en Allemagne. Le constructeur envisage la fermeture d’au moins trois usines et la suppression de milliers d’emplois. Les syndicats sont évidemment opposés à cette proposition, d’autant que le groupe souhaite aussi réduire le salaire de 140 000 employés, soit 10 % des effectifs. Sur les 9 premiers mois de l’année, la marge opérationnelle s’établie à 2,1 % contre 3,4 % pour 2023. « Cela souligne l’urgence de réduire considérablement les coûts et d’améliorer l’efficacité », a déclaré Arno Antlitz, directeur financier de VW, lors d’une conférence le 30 octobre.
Comment Volkswagen explique cela ?
En parallèle des mauvais chiffres, la marque a dépensé 4,9 milliards d’euros en développement et investissements pour la transition vers les VE. Ce qui réduit donc ses bénéfices à 1,3 milliard d’euros à fin septembre. Antlitz a réitéré que la marque VW doit réaliser plus de 10 milliards d’euros d’économies pour rester compétitive. Il a averti qu’il serait difficile de respecter les nouvelles limites de CO2 en Europe l’année prochaine et a suggéré de s’associer à un autre constructeur.
Malgré cela, Antlitz se dit confiant quant à un accord avec les travailleurs, bien qu’il n’exclue pas le risque de grèves. Il prévoit une meilleure fin d’année avec l’arrivée de nouveaux modèles pour toutes les marques du groupe. Les commandes en Europe de l’Ouest ont augmenté de 9 % sur les neuf premiers mois par rapport à l’an dernier, offrant un élan pour le dernier trimestre. Pour 2024, VW prévoit des livraisons mondiales d’environ 9 millions de véhicules, en baisse par rapport aux 9,24 millions de 2023. Le chiffre d’affaires attendu est de 320 milliards d’euros, contre 322,3 milliards en 2023, avec une marge de 5,6 %.
Le marché européen a diminué d’environ 2 millions de véhicules depuis la pandémie. Cependant, Tesla et les constructeurs chinois ont aussi grignoté des parts de marché. Volkswagen prévoit également que ses bénéfices chutent sur le marché chinois autour de 1,6 milliard d’euros. « Nous ne gagnons pas assez d’argent avec nos voitures, alors que nos coûts en énergie, matériaux et personnel continuent d’augmenter », a déclaré Thomas Schäfer, PDG de la marque VW, le 28 octobre. « Nous ne pouvons plus continuer comme avant. »
Quelles conséquences ?
Volkswagen a refusé de commenter les détails des coupes envisagées. Cependant, le 28 octobre, les détails ont émergé lors d’assemblées regroupant plus de 50 000 employés en Allemagne, y compris à Wolfsburg. À cette occasion, Daniela Cavallo, la chef du comité d’entreprise, a qualifié les plans de « privation » et de « affaiblissement progressif ». De grandes suppressions d’emplois en Allemagne aggraveraient les difficultés de la plus grande économie européenne, qui devrait se contracter en 2024 pour la deuxième année consécutive.
Schäfer a précisé que les sites du groupe en Allemagne ne sont pas assez productifs. Certains sont également deux fois plus coûteux à exploiter que des usines rivales. Les entreprises industrielles allemandes se plaignent aussi de coûts énergétiques élevés après la perte de gaz naturel bon marché, conséquence de l’invasion russe de l’Ukraine.
« C’est un énorme changement culturel chez VW, » a déclaré Matthias Schmidt, analyste indépendant basé près de Hambourg. « Il était presque impossible autrefois d’obtenir de telles coupes face aux syndicats et au gouvernement local. » La marque VW, autrefois dominante en Europe a vu la Golf perdre sa place de leader en 2022 face à la Peugeot 208 de Stellantis. Le Tesla Model Y a même pris la première place, reléguant la Golf au septième rang. « Ces coupes ne visent pas seulement à améliorer la marge, » a déclaré Schmidt. « L’entreprise en a besoin pour survivre. »