Test – Dacia Duster Andros A. Prost !
Redif du 18/02/2010
« Quoi ? Une Dacia sur sport-cars.fr ? Mais où va-t-on mon bon monsieur ? je vous le demande ! »
Et bien on va à Val Thorens et on s’installe en passager d’un grand pilote (voir son interview ici) et on se régale de le voir à l’œuvre dans sur la glace vive du circuit au volant du Dacia Duster dans sa version « glisse » du Trophée Andros…
Le professeur
Ces quelques tours au coté d’Alain Prost m’ont permis de voir de l’intérieur comment on pilote un tel engin.
Et il est vrai que l’arrivée en marche arrière dans une épingle est une drôle de sensation. Alain Prost déclenche son appel sans geste brusque. La mise en appui se fait sensiblement au même endroit à chaque tour, mais avec une adaptation en fonction de l’état de la piste et plus précisément de la glace qui la recouvre.
Le contre-appel vient naturellement et les roues arrières directrices aident grandement à ce niveau. La voiture poursuit sa danse et la troisième phase consiste à remettre les roues droites au plus tôt afin d’ouvrir les gaz en grand et de monter les rapports tout en ayant la sensation que l’on avance (presque) pas. Puis, petit à petit, la traction des quatre roues motrices et des pneus cloutés gagne son combat sur la force qui pousse la voiture en arrière… Et on sent d’un coup que la voiture repart en avant pour attaquer la ligne droite et arriver à l’épingle suivante où la même manœuvre est répétée.
Alain Prost ne freine pas du pied gauche car la boite de vitesse séquentielle nécessite malgré tout d’avoir recours à l’embrayage pour monter et descendre les rapports (voir ci-dessous les explications techniques). C’est seulement dans les circuits dotés d’une portion rapide que le « frein-pied-gauche » est utilisé pour stabiliser la voiture.
Ce qui frappe aussi à bord du Dacia Duster, c’est le confort (si, c’est vrai, on peut parler de confort !) des suspensions. Certes, à Val Thorens la piste n’était pas abimée par des profondes ornières, mais, une fois réussi l’exercice de l’installation à bord, on n’est pas inquiet pour son dos ou ses lombaires.
Alain Prost analyse finement l’auto et sait quels sont les points perfectibles après une première saison. Un moteur au couple retravaillé fait partie de la liste des « axes de progrès ». Il a pointé d’autres éléments mais espère bien, si la collaboration se poursuit avec Dacia, pouvoir apporter son expérience et se mettre en situation de se battre encore pour le titre en 2010.
Il peut, pour cela, compter sur l’expertise de Renault Sport technologies.
Le technicien.
François Champod, responsable technique compétition, nous fait découvrir la Dacia Duster « Trophée Andros ».
Sport-cars.fr : « Pourquoi avoir choisi le Duster plutôt qu’une Mégane ou une Clio ? »
F. Champod : « Le projet vient d’une demande de la direction marketing de la marque qui a souhaité que Renault Sport technologies monte un programme sportif pour le Duster en Andros. Par rapport à un autre modèle, nous ne sommes pas gênés par l’aérodynamique car les vitesses atteintes dans le cadre de la compétition ne sont pas élevées. »
Sport-cars.fr : « Quel est le moteur utilisé ? »
F. Champod : « Le moteur de la Dacia Duster que vous venez d’essayer est issu de l’alliance Renault-Nissan, il s’agit du VQ 30, un V6 de 3.0 litres à 24 soupapes en position centrale arrière qui développe environ 350 chevaux et 360 Nm de couple. Il n’y a pas de bride, mais nous sommes limités par le règlement au niveau du taux de compression et de la levée d’arbres à cames. Le régime moteur, fixé par le règlement lui aussi, est au maximum de 7 500 tours / minute. »
Sport-cars.fr : « La boîte de vitesses est à 6 rapports mais elle nécessite l’utilisation d’un embrayage classique… «
F. Champod : « Oui, car sur la glace, c’est une spécificité, il y a beaucoup de patinage et malgré les systèmes de coupures, il y aurait de gros problèmes de fiabilité si nous n’avions pas recours à un embrayage. »
Sport-cars.fr : « Coté châssis, il est spécifique au Duster ou repris d’une base existant déjà ? »
F. Champod : « La carrosserie en fibre de verre repose sur une châssis tubulaire spécifique au Duster. Il n’est pas repris d’une ancienne voiture. Nous avons aussi chercher à innover, avec par exemple des disques de freins et étriers de moto réalisés par Béringer. Ainsi, nous avons gagné du poids sur les masses non suspendues. Les roues arrières pivotent grâce à un système mécanique (ce principe étant défini par le règlement) avec un angle de braquage qui peut être adapté à la piste. Lorsque vous êtes en butée de braquage, l’angle maximal est d’un peu plus de 15 degré à l’arrière. Coté suspension, nous utilisons une double triangulation à grand débattement. »
Sport-cars.fr : « Vous jouez sur la répartition de la puissance entre les essieux avant et arrière ? »
F. Champod : « On a une répartition figée de 50% vers l’avant et d’autant vers l’arrière, sur laquelle le pilote ne peut pas intervenir car le règlement n’autorise pas l’utilisation d’un différentiel central. »
Sport-cars.fr « Si on fait un bilan de cette première saison… «
F. Champod : « Nous sommes très satisfaits de cette seconde place pour cette première saison en Trophée Andros, même si nous avons bien sûr noté des axes de progrès sur cette toute nouvelle voiture. »
TOUTES LES PHOTOS !
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