L’Europe vote une taxe douanière pour les VE chinois
Ce vendredi 4 octobre 2024, la commission européenne a proposé au vote une taxe douanière pour les véhicules électriques (VE) chinois. Sur l’ensemble des États membres, dix ont voté pour, cinq contre et douze s’abstiennent.
Texte : Gaël Angleviel / Images : BYD
Une taxe pour les VE chinois en Europe
L’UE approuve les droits de douane imposés pour les véhicules électriques venant de Chine. Cependant les négociations se poursuivent. Car l’UE et la Chine continuent de chercher d’autres moyens de résoudre le différend commercial. Cette proposition de taxe vise donc les VE chinois à hauteur de 45 % de leur prix de vente. Le règlement final doit être inscrit au registre officiel d’ici au 30 octobre, a précisé la Commission.
Néanmoins, si le vote tend pour une taxe douanière, les discussions se poursuivent pour trouver une autre entente. Ceci afin d’explorer une solution alternative qui devrait être pleinement compatible avec les règles de l’OMC. Mais pour l’heure, la Commission, l’organe exécutif de l’Union européenne, peut maintenant procéder à la mise en œuvre des droits, qui dureront cinq ans. Dix États membres ont voté en faveur de la mesure, tandis que l’Allemagne et quatre autres États membres ont voté contre et que douze États membres se sont abstenus
Quel impact sur le marché automobile ?
La décision de l’UE intervient après qu’une enquête a révélé que la Chine subventionnait injustement son industrie. Pékin nie cette affirmation et a menacé d’imposer ses propres droits de douane aux secteurs européens des produits laitiers, des marques, du porc et de l’automobile. L’Union européenne s’efforce activement de réduire sa dépendance à l’égard de la Chine. Le mois dernier, l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a mis en garde contre la « concurrence étatique de la Chine », qui constitue une menace pour l’UE et pourrait la rendre vulnérable à la coercition.
L’UE, dont les échanges commerciaux avec la Chine se sont élevés à 739 milliards d’euros l’année dernière, était divisée sur la question de savoir s’il fallait aller de l’avant avec les droits de douane. Désormais les nouveaux droits de douane pourront atteindre 35 % pour les fabricants de véhicules électriques qui exportent depuis la Chine. Ils s’ajoutent ainsi au taux actuel de 10 %.
La Commission a répété à maintes reprises qu’une solution de remplacement aux droits de douane était envisageable. L’idée d’un prix minimum pourrait par exemple être évaluée. Mais cela devra répondre à plusieurs critères de l’OMC. Comme la prise en compte de l’impact des subventions chinoises et la possibilité de faire l’objet d’un contrôle de conformité par l’Union européenne.
Certains constructeurs sont inquiets
« Le vote d’aujourd’hui est un signal fatal pour l’industrie automobile européenne », a déclaré M. Zipse, PDG de BMW. « Ce qu’il faut maintenant, c’est un accord rapide entre la Commission européenne et la Chine pour éviter un conflit commercial dont personne ne sortira gagnant. Le fait que l’Allemagne ait voté contre les droits de douane est un signal important et augmente les chances d’un accord négocié », poursuit-il.
Le groupe Volkswagen possède aussi près de 40 usines en Chine. Elles fabriquent des voitures et des composants. Le groupe a donc appelé l’UE et le gouvernement chinois à « poursuivre de manière constructive les négociations en cours en vue d’une solution politique ». Mercedes-Benz a également déclaré que le vote pourrait avoir des « conséquences négatives considérables ». La firme allemande a appelé à un règlement négocié ainsi qu’à un report de l’application des mesures. En effet, les entreprises chinoises très présentes en Europe ont critiqué le vote. C’est notamment le cas de Zhejiang Geely Holding, qui compte parmi ses filiales Volvo ainsi que Poletar, Lynk & CO, Zeekr et Lotus, et qui détient une participation de 50 % dans Smart.
La présidente du groupe de pression automobile allemand, Hildegard Mueller, a déclaré que les droits de douane proposés augmenteraient les prix pour les consommateurs. Et que cela risquerait en outre de déclencher une guerre commerciale. « Les dommages potentiels qui pourraient être causés par les droits compensateurs sont donc plus importants que les avantages potentiels de cet instrument », a déclaré Mme Mueller.
En revanche, la Fédération française de l’automobile, qui représente le secteur automobile, a applaudi le vote. « C’est une bonne chose qu’une décision ait reçu le soutien des Etats membres pour l’adoption de droits de douane », a déclaré le groupe. « Nous sommes en faveur du libre-échange, mais dans le cadre de règles équitables. »