Monaco F1 : Rencontre avec Alain Prost : « il faut retrouver la part d’humain en F1 »

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Ce weekend, Monaco accueillait la F1. Passons rapidement sur la douche froide que fut la découverte du bruit des moteurs (les GP2 sont nettement plus bruyantes !) pour nous concentrer sur notre rencontre avec Alain Prost qui nous a donné son point de vue sur cette compétition.

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Un pas de géant

Grand prix monaco F1 2014 45Avec les nouvelles règles en matière de motorisation (V6 Turbo limité à 15.000 tours par minute et nouveau KERS qui apporte 160 chevaux supplémentaires contre 80 auparavant), « les ingénieurs ont, en peu de temps, acquis une expérience inégalable. Par rapport à la voiture de série qui a un programme long, dans la course auto, le seul but, c’est obtenir un résultat rapidement. Rappelez-vous comment les moteurs marchaient au mois de janvier lors des premiers essais à Jerez. Dans énormément de blogs, on pouvait lire qu’il était possible qu’aucune voiture ne rallie l’arrivée. Un mois après, la fiabilité était presque à 100%. Un tel développement prend 5 ans pour une voiture de série, » explique Alain Prost qui ajoute que « l’on a de plus en plus d’éléments de la série qui sont repris pour la course. Avec la même puissance, on consomme 30 à 40 % de moins. C’est incroyable ! »

Spectacle et performances doivent être au même niveau.

Avec les enjeux financiers et marketing énormes, les écuries deGrand prix monaco F1 2014 44 F1 ne laissent plus un seul homme, le pilote, décider de tout, au risque qu’il prenne la mauvaise décision. Mais pour Alain Prost, « il faut que l’humain prenne le dessus car on est allé un peu trop loin. Les pilotes commencent plus jeunes, avec un entourage différent. C’est un peu pareil dans tous les sports. »

Il rappelle que « par le passé on utilisait très peu la radio car elle ne marchait pas et de peur d’avoir un message erroné. Quand j’entends un pilote qui dit à la radio « il m’a touché, allez voir le directeur de course » ça me fait sauter de ma chaise. Avant, on ne le disait jamais cela et on réglait le problème entre nous. »

Les échanges radio donnent l’impression que le pilote n’a plus son mot à dire… « C’est pour cela que cela ne va pas. Au grand prix de Barcelone, Hamilton et Rosberg voulaient s’arrêter un peu plus tard, mais cela ne correspondait à la stratégie. Maintenant, le stand a plus d’info que le pilote et ce dernier doit écouter parfaitement. Alors que nous, quand on conduisait, nous n’avions pas d’informations. Je ne pense pas que les gens veulent voir cela. On est allé trop loin par rapport à l’humain. Nos fans vieillissent aussi et ne se reconnaissent pas dans la F1 moderne. En même temps, on n’a pas capté les nouvelles générations ou d’autres personnes qui n’ont pas accroché pour plein de raisons. Les gens ont la vision que le pilote est plus un robot qu’un héros, d’autant plus qu’ils ont la sensation qu’ils prennent moins de risques. Il faut garder la partie technologique, la partie spectacle tout en retrouvant la partie humaine. »