Exclusif Inside F1 avant Barcelone : les premiers points de Renault en Russie depuis Petrov en 2011
Il y a souvent des coïncidences troublantes en F1, des clins d’œil à l’Histoire. Des raccourcis saisissants : Renault Sport F1 Team a marqué ses premiers points de 2016, dimanche à Sotchi, grâce à la 7e place de Kevin Magnussen, dans le pays natal de… son ex-pilote russe, Vitaly Petrov, qui avait réussi à terminer 10e au Brésil, le 27 novembre 2011, lors du 300e GP de Renault en F1. C’était le dernier point marqué par un pilote Renault.
L’effet Team Banana : les « Voitures noires » sortent du trou noir…
Flashback. A l’époque, l’équipe s’appelait Lotus-Renault Grand Prix et elle était en train de finaliser sa vente à Gérard Lopez, ainsi qu’à et son équipe d’investisseurs luxembourgeois réunis sous la bannière de Genii Capital.
Après, il y a eu deux belles saisons (2012 et 2013) conclues par une 4e place inespérée au Championnat du monde, puis le trou noir des « Voitures noires » (2014-2015) dont la « Maison Jaune » a sorti l’équipe d’Enstone. C’est l’effet Team Banana…
Kevin Magnussen, parti 17e arrivé 7e à Sotchi : « C’est vraiment génial ! »
« C’est vraiment génial de marquer ces premiers points pour l’équipe. Je sais à quel point tout le monde travaille dur », a réagi Magnussen, parti 17e sur la grille de Sotchi et arrivé 7e.
« J’ai attaqué fort pendant toute la course, j’ai réalisé de beaux dépassements, mon arrêt au stand était parfait (NDLR: pour échanger ses pneus super-tendres contre des tendres, au 16e tour).
« Nous avons eu un peu de chance aujourd’hui mais je ne vais pas m’en plaindre, car nous avons aussi eu pas mal de malchance dans le passé », a ajouté le Danois tatoué.
Pour le directeur sportif de Renault Sport F1, Frédéric Vasseur, l’ex-pilote McLaren (en 2014) « a fait une superbe course et on ne pouvait pas lui en demander plus ».
Au volant de l’autre RS16, Jolyon Palmer, parti 18e, a terminé 13e et donc hors des points, mais il a quand même « gagné cinq places par rapport à sa position sur la grille de départ », a souligné l’écurie franco-anglaise.
Frédéric Vasseur : « Un énorme merci à tout le monde, à Enstone et à Viry »
Cela fait six points dans la besace et une 9e place du championnat (sur 11), en attendant mieux, peut-être en Espagne à Barcelone, dans les rues de Monaco ou au Canada à Montréal, les trois prochaines manches de cette saison 2016 historique : 21 Grands Prix au calendrier, du jamais vu.
Vasseur n’a pas l’habitude de se cacher, ou de chercher des excuses, il a donc souligné que ces premiers points arrivaient seulement 15 jours après une déroute chinoise mémorable : « Après la Chine, on a tous bossé très fort pour rentrer dans le Top 10 sur un circuit où on ne s’attendait pas à briller.
« Cela montre bien le niveau de motivation de cette équipe. Un énorme merci à tout le monde, à Enstone et à Viry, pour la constance dans l’effort ».
Quinze jours après une déroute chinoise mémorable
Sur le site Renault Confidential, la satisfaction était de mise au lendemain du Grand Prix de Russie : « Renault a défié tous les pronostics en plaçant pour la première fois depuis son retour en F1 l’une de ses monoplaces dans les points. En partant depuis les 17e et 18e places, l’écurie française laissait pourtant difficilement entrevoir une telle perspective, mais c’était sans compter sur un premier tour opportuniste et un rythme de course des plus convaincants ».
« La course disputée dimanche a montré un niveau de performance tout à fait étonnant de la part de la RS16, capable de suivre le rythme du peloton grâce à une bonne utilisation de ses pneus. Une prestation qui contraste bien évidemment avec la déroute chinoise », poursuit le rédacteur de Renault Confidential. Puis il cite Alan Permane, l’un des cadres d’Enstone : « Nous avons battu la Haas, puis nous avons été chanceux avec d’autres voitures, mais Kevin a pu se mettre dans cette position grâce à un très bon premier tour, puis il a été en mesure de la conserver avec une bonne stratégie ».
Passe d’armes significative du « Pilote du jour » avec une Red Bull-Renault
Autre gros motif de satisfaction pour Alan, « Kevin avait assez de vitesse en ligne droite pour se défendre et parfois même attaquer, comme avec Daniel Ricciardo ».
La passe d’armes avec la Red Bull était d’autant plus significative que les deux monoplaces, la RS16 et la RB12, disposent du même moteur français.
C’était l’un des bons moments de ce Grand Prix de Russie et tout s’est plutôt bien passé entre le Danois et l’Australien.
Un bonheur n’arrivant jamais seul, Kevin Magnussen a ensuite été élu « Pilote du jour » par les internautes. De quoi renforcer un peu plus son statut de leader au sein de l’écurie d’Enstone, après seulement quatre courses, alors qu’il dispose, pour le moment, seulement d’un contrat d’une saison.
« Ce que réussit Kevin depuis le début de saison est impressionnant, c’est une locomotive dans l’écurie, le eader dont on a besoin », a confié Vasseur à son propos.
Le jeton de développement moteur -« Token »- utilisé à Bahreïn a déjà montré de belles promesses, en attendant de grosses mises à jour prévues au Canada.
Et toujours aussi réaliste, Vasseur a souri : « C’est important à la fois pour les équipes de Viry et d’Enstone, qui ont énormément travaillé ces derniers mois. C’est une étape… et c’est toujours bon d’avoir mis derrière soi la question : quand est-ce que vous inscrirez vos premiers points ? »
Renault, Haas, Toro Rosso et McLaren : la bagarre va continuer
Comme on pouvait le prévoir en début de saison, la bagarre en milieu de tableau va continuer à être très animée en 2016. Avec leur moteur Ferrari et leur Franco-Suisse qui ne lâche rien, Romain Grosjean (ex-Renault et Lotus), les Américains de Haas ont encore marqué dimanche, pour la 3e fois en quatre courses.
Toro Rosso est toujours là, malgré son moteur Ferrari d’occasion, version 2015.
McLaren est en train de relever la tête, lentement mais sûrement, et a mis ses deux champions du monde, Fernando Alonso et Jenson Button, dans les points à Sotchi.
On fêtera en 2017 le 40e anniversaire de la Renault « Yellow tea pot » de Jean-Pïerre Jabouille
Malgré la domination de Mercedes et Nico Rosberg, de plus en plus intouchables, les fans de F1 ont de bonnes raisons de se réjouir. Notamment les français un peu cocardiers, et nous n’allons pas le leur reprocher, pour qui le « retour » de la Maison Jaune en F1 fait remonter à la surface de jolis souvenirs.
On fêtera bientôt le 40e anniversaire des débuts du « Yellow tea pot » la « Théière jaune » de Jean-Pierre Jabouille, en 1977.
Les préparatifs s’accélèrent, tandis que la jeune garde Renault est quasiment prête. Et elle n’est pas la seule, comme on pourra en juger dès les premiers essais libres catalans…
Les jeunes loups à Barcelone : Verstappen (Red Bull), Vandoorne (McLaren,) Lynn (Williams) et Ocon (Renault)
Lors du dernier Grand Prix, un russe de 20 ans, Sergey Sirotkin, a roulé le vendredi matin aux essais libres 1, sur le circuit de la Cité Olympique de Sotchi, dans la RS16 de Magnussen.
En Espagne, outre les jeunes loups de Renault, l’on verra également en action Max Verstappen, pour la première fois au volant d’une Red Bull, en remplacement du russe Daniil Kvyat retourné à la case départ chez Toro Rosso; on retrouvera aussi avec plaisir le belge Stoffel Vandoorne sur la McLaren-Honda aux essais libres 1. Et pour faire bonne mesure le jeune britannique Alex Lynn pilotera la Williams-Mercedes, également aux essais libres 1.
Enfin, chez Renault, un français de 19 ans, Estéban Ocon, d’origine espagnole, roulera le vendredi 13 mai sur le circuit catalan de Montmelo, aux portes de Barcelone, deux jours avant le toujours très attendu Grand Prix d’Espagne, où le public hexagonal se déplace en force de même qu’à Monaco.
Le grand Esteban, « Cool comme un concombre » ainsi que le disent les Anglais, est né un 17 septembre, il pourrait être titulaire en F1 en 2017. Deux fois « 17 », comme le numéro de course du regretté Jules-Bianchi, que l’on n’oubliera jamais. Il y a souvent des coïncidences troublantes en F1.
Comme promis, Renault Sport F1 Team reconstruit pas à pas sa route du succès, et le losange prépare l’avenir, comme annoncé.
Ça se passe plutôt bien, c’est du travail de pros, et cela commence à se voir…
C’est l’effet Team Banana du Renault Sport F1 Team, lancé avec la belle championne australienne de surf Ellie-Jean Coffey lors de la révélation de la F1 Renault RS16 à Melbourne.
Lire aussi : La naissance du « Team Banana » Renault F1 à Melbourne, en Australie.
Charles-Bernard ADREANI
avec Paul PAPAZIAN, Agence AC/DC
Photos : Renault Sport F1 Team et Ellie-Jean Coffey/Instagram