Essais Renault Sport: Sportives oui, délurées non
Quand Renault Sport se penche sur le berceau d’une sage Clio et d’une timide Mégane, ses clients fidèles se disent que ces deux graines de championnes sont promises à un bel avenir sur leurs circuits favoris. Mais avec un bémol : un petit manque de jusqu’au boutisme.
Pourtant, au premier coup d’oeil, elles en imposent, notamment dans cette robe jaune -soulignée de rouge pour la Mégane-. A l’intérieur, le traitement sportif continue et plus encore à bord de la Mégane qui reçoit de très jolis et plutôt confortables sièges siglés à la fois Renault Sport et Recaro, leur fabricant.
Pour le choix de la motorisation, Renault Sport opte pour le 1.6l de 200 ch dans l’une, et le 265 ch dans l’autre avec pour point commun le turbo. Celui-ci s’avérera bien utile mais parfois insuffisant.
Contact, moteur, et première surprise : dans l’une comme dans l’autre la discrétion mécanique est de mise. Certes, il ne s’agit « que » d’un quatre cylindres. Mais aucune illusion n’a été recherchée à l’échappement, par ailleurs double sur la Clio et tout aussi central que spectaculaire en ce qui concerne la Mégane. Mais il convient que pour un usage quotidien, il s’agit plutôt d’un bon point.
[nextpage title= »La Clio RS Cup »]
Commençons par la Clio
Pour ne pas avoir les impressions déformées par une expérience au volant d’un modèle de puissance supérieure, nous avons commencé notre séance par une prise en mains de la Clio. Facile à prendre en mains, les deux palettes derrière le volant qui servent à commander, le cas échéant, la boîte de vitesses robotisées (qui a imposé une limitation du couple à 240 Nm) amuse, notamment lorsqu’elle n’est pas en mode auto. Mais pas très longtemps. Car en progressant normalement les deux palettes ne servent à rien, et se montrent un peu lentes en conduite rapide. On aimerait une réactivité à la DSG, de Volkswagen, mais personne n’arrive à proposer le même agrément, même des labels comme BMW. Heureusement, un mode RS, sélectionnable via un bouton situé entre les deux sièges avant, vient renforcer le sentiment de sportivité qui manquait jusqu’alors : bruit plus rauque, rétrogradage accompagné d’un coup de gaz, ambiance sportive plus palpable. Mais reste que le moteur, même turbocompressé, semble muselé non pas par le poids de l’engin (1 250 kg) mais plutôt par les normes antipollution en vigueur, qui semblent avoir obligé les ingénieurs à n’autoriser la puissance maximum qu’à un régime élevé, là où le système de surveillance de la bonne utilisation de la voiture conseille de changer de rapport. Toutefois, même si les accélérations sont linéaires, elles restent relativement musclées, mais on regrettera deux choses : l’inertie de la mécanique, source de désagrément ainsi que le manque d’un mode réellement sportif, qui permettrait au moteur de mieux s’exprimer.
Le tableau n’est toutefois pas totalement noir : la bête est agréable à utiliser au quotidien, préserve le confort de ses occupants, offre un vrai coffre et cinq portes. En outre servie par un châssis Cup de bonne définition, cette Clio RS démontre une polyvalence de tous les instants et une efficacité de très bon niveau quel que soit le rythme de conduite choisi, et, hormis pour les conducteurs les plus pointus et exigeants, sa sportivité ravira l’immense majorité des pères de famille. Dès lors, on se demande si Renault n’a pas eu raison. Nul doute qu’on lui aurait trouvé davantage de circonstances atténuantes si la gamme avait été coiffée par une vraie version RS Cup, aux dispositions mécaniques que l’on est en droit d’attendre d’un tel pedigree.
[nextpage title= »Photos Clio RS Cup »]
[nextpage title= »Les plus et les moins de la Clio RS Cup »]
Clio RS Cup
Les plus
-Look sympa
-polyvalence
-châssis cup affûté
-5 portes mais look de coupé
Les moins
-caractère moteur
-boîte de vitesse un peu lente
-manque une vraie version Cup
[nextpage title= »La Megane RS Cup »]
La Mégane plus virile mais…
Même si son habitacle date un peu, il offre toujours, en dépit d’équipements d’ancienne génération comme la molette multifonction que l’on retrouve entre les sièges avant, une finition de bon niveau et une ambiance vraiment sportive à bord de cette version. Les sièges baquets (en option, mais incontournables!) sont de toute beauté, accessibles et confortables, les sigles Renault Sport apposés ici et là annoncent la couleur et le volant, qui affiche une couture en son point zéro finit d’indiquer qu’on se trouve à bord d’une sportive.
L’enfoncement du bouton start ne confirme pas tellement cette impression et les premières accélérations, sans dépasser 3 000 tr/mn, ne laissent pas de souvenirs impérissables. Là encore, on a l’impression que le moteur est un peu étouffé, en tous cas pour une version qui annonce 270 ch. Mais la mécanique, sans injection directe ou de turbo à double admission, commence à porter le poids des ans… En montant plus loin dans les tours, la fougue revient au gué du soufflement du turbo, mais sur une plage d’utilisation qui semble assez courte. Les 6 000 tr/mn sont assez vite atteints.
Comme pour la Clio, le châssis Cup est excellent : efficace et plutôt confortable, mais le différentiel à glissement limité est facturé 1 500 €. Coup d’œil entre les sièges et pas de bouton RS… S’agissant d’un modèle qui date un peu, on cherche alors tout bêtement à déconnecter l’ESP à gauche en-dessous du volant. Et là, on trouve non seulement un bouton qui permet d’enclencher un mode sport, lequel fait grimper légèrement le régime moteur et semble modifier la loi de réponse de l’accélérateur, mais qui peut aussi jouer sur l’ESP (passer en mode Sport permet de s’amuser tout en gardant des aides électroniques à la conduite pour les situations -trop- critiques) mais aussi tout inhiber (mode « Race ») pour la conduite sur circuit. Tonicité mécanique et une impression de pression augmentée du turbo amènent alors le conducteur à reconsidérer son véhicule, et il faut bien avouer que les 265 ch (à 5 500 trs/mn) et les 360 Nm de couple (à 3 000 tr/mn), à défaut d’être suffisants pour le train avant, notamment sur sol mouillé, permettent à la Mégane de sauter de virage en virage, sans jamais donner l’impression d’être en réelle difficulté.
En bonne trois portes, l’accès aux places arrières n’est pas très aisé, mais les dossiers fins des baquets Recaro aident à la manœuvre. Les autres aspects pratiques -rangements divers et coffre- sont les mêmes qu’à bord d’un coupé Mégane traditionnel, et le niveau d’équipement de série (climatisation automatique, GPS et radio de bonne gamme) est en adéquation avec la définition et le prix du modèle. Mais il reste dommage que les options propres à un modèle sportif (sièges baquets, différentiel à glissement limité, entre autres) restent en option, même s’ils ont permis à Renault de contenir le tarif de base de la version RS, aux alentours de 32 000 €.
[nextpage title= »Les plus et les moins de la Megane RS Cup »]
Mégane RS Cup
Les plus
-esthétique sportive affirmée
-Mode sport intéressant
-sièges baquets optionnels de toute beauté
Les moins
-options « sportives » trop nombreuses
-mode normal un peu terne
-confort de suspension à basse vitesse
Texte et Photos: Didier LAURENT