Essai Tesla S Performance : révolution en marche ?
Les voitures 100% électriques ne me font pas rêver. Autonomie limitée + performances moyennes + temps de recharge long + prix élevé = marché restreint, ce que les consommateurs confirment en ne se précipitant pas chez les concessionnaires pour passer commande… Les versions avec prolongateur d’autonomie comme la BMW I3 ou encore l’Ampera de chez Opel sont déjà plus polyvalentes mais restent chères. Mais alors, pourquoi la tesla S Performance a-t-elle retenu toute mon attention ? On va rapidement répondre à la question : parce que presque (notez le presque, il est quand même important) tous les inconvénients de la voiture électrique disparaissent à son volant.
Autonomie Tesla S
La Tesla S est une berline qui invite au voyage car elle annonce 502 kilomètres d’autonomie selon la norme NDEC. La même qui crédite une Nissan Leaf de 200 kilomètres et qui se traduit dans les faits par une capacité à parcourir entre 100 (usage voie rapide) et 150 kilomètres (usage urbain). Au départ de notre essai, la tesla S affichait sur l’écran central qu’elle pouvait encore rouler 280 km. Menée sur un rythme tranquille avec quelques très franches accélérations, elle a fini avec 230 km d’autonomie sur un parcours d’une quarantaine de kilomètres. Du coup, il est possible d’envisager un parcours autoroutier et de voyager avec cette voiture pour aller par exemple, de Aix en Provence à Monaco, soit 200 kilomètres dans un confort royal (on en reparle plus bas). Par contre, il vous sera nécessaire de trouver une borne pour refaire un plein partiel pour rentrer sans stress de la panne surtout si vous aimez profitez de ses performances sportives.
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Recharger
C’est toujours le talon d’Achille des voitures électriques : trouver une borne, qu’elle soit libre, et avoir le temps de patienter au mieux 30 minutes pour récupérer 320 kilomètres d’autonomie selon Tesla et à la condition d’utiliser un super charger. Comme les collectivités locales ne sont pas pressées pour mettre en place des bornes de recharge, il faudra patienter un peu car c’est Tesla qui les mets en place en les finançant sur ses propres deniers. Pour le moment, la recharge est gratuite et seuls les propriétaires d’une Tesla y ont accès.
En l’absence d’un supercharger, il faut anticiper le temps de charge et trouver une solution. Une calculette vous permettra de savoir combien de temps il vous faut pour remettre de l’électricité en fonction des performances de la prise sur laquelle vous vous branchez. Si vous avez une borne dans l’immeuble de votre lieu de rendez vous, c’est parfait. Sinon l’ordinateur vous en indiquera une à proximité et il faudra alors trouver une solution pour revenir de celle-ci et y retourner reprendre possession de votre voiture. Bref, voyager en voiture électrique est un art de vivre. Toutefois, avec l’économie de carburant, vous pouvez largement vous payer un taxi !
Petite parenthèse personnelle sans lien avec Tesla : pourquoi est-ce avec l’argent de nos impôts que l’on met en place des bornes de recharge pour fournir de l’électricité achetée à EDF ? quand on ouvre une station essence, est ce que Total fait payer ses pompes par nos impôts ? EDF devrait s’occuper de financer tout cela car si un jour on roule tous en électrique, c’est le jackpot pour ceux qui « nous doivent plus que la lumière ». Fin de la parenthèse.
Ça pulse !
Voiture à l’arrêt, vous écrasez l’accélérateur pour jouer avec une Audi belliqueuse. Mieux vaut que le propriétaire de cette dernière dispose d’un minimum de puissance sinon cela va lui faire tout bizarre… Avec son couple de 600 Nm disponible dès le démarrage du moteur et sa puissance de 476 chevaux la Tesla S performance abat de 0 à 100 km/h en 4.4 secondes et décroche le 400 mètres départ arrêté en 12,6 secondes, soit un temps de Audi R8 forte de 420 chevaux. Par contre, une fois arrivé à 210 km/h, la Tesla s performance stoppera son élan en raison d’un bridge électronique pendant que la R8 continuera jusqu’à 300 km/h. En prime, la Tesla S performance offre des reprises de premier plan qui vous collent au siège et assurent des dépassements éclairs, gage de sécurité. Bien entendu, la consommation, comme sur une voiture thermique, s’en ressent.
[nextpage title= »La Tesla S Performance: une Apple Car »]
Apple car
Si Apple avait fait une voiture, il est fort probable qu’elle aurait ressemblé à cette Tesla car c’est une voiture de geek conçue dans la Sillicon Valley ! L’écran central commande tout : l’ouverture du toit ouvrant, la climatisation, la navigation, la radio, la musique, la caméra de recul en haute définition, l’accès à internet etc. Mais pas le réglage des sièges qui reste « classique ». La taille de l’ensemble équivaut à deux Ipad empilés l’un sur l’autre et regroupe deux espaces indépendants pour permettre d’avoir deux activités séparées. Ainsi, pendant que la navigation travaille, vous pouvez surfer sur internet… en roulant ! (ce qui n’est pas très prudent…)
Le système d’exploitation a été entièrement conçu par Tesla sous Linux et des applications vont apparaître pour le plus grand plaisir des geeks. La sensibilité de l’écran est semblable à celle d’un Ipad.
Ligne
La Tesla S est une voiture discrète et élégante. De dos, ses ailes généreuses et leur forme semble avoir été prises sur une Aston Martin Vanquish des années 2000. Il y a pire comme référence ! Détail amusant : deux sièges entièrement escamotables sont disponibles dans le coffre pour y loger deux enfants dos à la route ! De profil, l’ensemble est élancé et les fenêtres latérales sont sans montants, comme sur un coupé. Enfin, plus banale, la face avant offre des phares dont la ligne est soulignée par des LED. Les jantes de 21 pouces de cette version apportent une touche sportive.
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Sur la route
Cependant, elles ne dégradent pas le confort car la suspension pneumatique joue parfaitement son rôle (il est même possible de relever la garde au sol de 15 cm en roulant.) Elle permet aussi de virer bien à plat quand le rythme s’accélère. Le comportement de la Tesla S Performance n’appelle aucune mauvaise critique, au contraire. Notre essai s’est déroulé sous une pluie battante sur de petites routes du pays d’Aix et à aucun moment le comportement n’a été pris en défaut. La direction peut-être rendue plus ferme et apporte une sensation de précision. Les freins sont efficaces et le toucher à la pédale est agréable. L’antipatinage joue parfaitement son rôle sans coupure brutale de l’accélération.
Au final
Tesla offre une voiture aboutie dont les performances la rende totalement utilisable pour voyager à la condition de prévoir les lieux de recharge. Il ne lui manque qu’une chose qu’un passionné de voitures aura du mal à oublier : la sonorité. Ce sont les essuie glace qui font le plus de bruit ! Mais quelque chose me dit qu’une application pourrait se charger de combler cette lacune et de nous offrir un bruit de V8 ou de V12. Pour le reste, tout est ok. Même le prix n’est pas délirant (à partir de 92 400 euros) eu égard aux équipements et aux batteries garanties 8 ans, kilométrage illimité.
NB : Je n’ai pas pu faire beaucoup de photos car le temps ne s’y prêtait pas… Vous en trouverez plein ici.
Philippe HORTAIL