Essai Tesla P85D : stupéfiante mais…
Lors de l’essai de la Tesla S Performance, nous avions titré « révolution en marche ? ». Avec la Tesla S P85D, on est toujours dans le même univers (celui d’une voiture sans bruit et sans CO2 ) mais cette dernière offre des performances décoiffantes. Mais une question reste en suspend : et le plaisir dans tout ça ?
Présentation
La Tesla S P85D (D pour diesel ? non, pour Dual, voir plus bas) que nous avons testée coûte 130 590 euros.
A son prix de base de 105 800 € (bonus de 6 300 euros inclus), le constructeur a ajouté toute une liste d’options qui comprend, par exemple, les jantes en 21 pouces (4 800 euros), les sièges nouvelle génération noirs (2 700 euros), le pilotage automatique (2 700 euros), l’intérieur et l’éclairage Premium (3 200 euros) ou encore les sièges orientés vers l’arrière (dans le coffre) pour 3 200 euros. Ces derniers ne devraient pas beaucoup vous servir car après quelques kilomètres dans le sens inverse de la marche, vous risquez d’avoir la nausée.
Dans le prix sont comprises les recharges en électricité sur les bornes Tesla, ce qui est un gain non négligeable. Mais on peut se demander jusqu’à quand cela restera gratuit.
Full power
Pour sa P85D, Tesla met en place deux moteurs électriques (technologie « Dual Motor » d’où le « D » dans le nom) qui offrent à la berline une transmission intégrale. Si on sort la calculette et qu’on additionne les puissances (476 ch à l’arrière et 224 ch à l’avant), on arrive à la coquette somme de 700 chevaux. Mais ce qui est encore plus impressionnant, c’est le couple de 930 Nm disponible immédiatement, soit 180 Nm de plus qu’une Porsche 911 Type 991 turbo S PDK… Du coup, on passe de 0 à 100 km/h en 3,3 secondes voire 3,0 secondes avec la mise à niveau vers l’option « Ludicrous Speed ». Dans ce dernier cas, on obtient le même temps que la Porsche. Sauf que la dernière née de Stuttgart pèse 1 605 kilos contre 2 239 kilos (données officielles). Par contre, l’Allemande pointe à 316 km/h pendant que l’Américaine « plafonne » à 250…
La suite est moins impressionnante car si on prend comme référence un 0 à 200 km/h, le match est sans appel : 16,2 contre 9,9 secondes. (voir le comparatif sur Zeperfs.)
Pour ce qui est de l’autonomie, Tesla annonce 491 km (norme NEDC). Bien entendu, quand on use (abuse ?) du pouvoir d’accélération, l’autonomie chute vite, tout comme quand le régulateur est calé à une vitesse de croisière soutenue sur autoroute. Le système embarqué peut vous aider à prévoir un trajet et les points de recharge que vous devrez faire. Si vous avez un superchargeur, votre temps d’attente sera considérablement réduit. Sinon, il vous faudra être patient.
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Au volant
Une fois installé à bord de la Tesla, on est impressionné par le double écran central de 17 pouces qui regroupe quasiment toutes les informations. Tactile et réactif comme une tablette de la marque à la Pomme, il permet de presque tout commander. Il faut cependant un certain temps d’adaptation pour ne pas être distrait au moment, par exemple, de chercher à refermer le toit ouvrant. L’opération nécessite de naviguer dans les menus et un simple bouton au plafond ferait tout aussi bien l’affaire. C’est une tendance chez beaucoup de constructeurs à tout vouloir mettre sur l’écran au détriment de la simplicité d’utilisation.
La finition est de très bon niveau et l’espace à bord est généreux. Le coffre offre 750 litres et peut atteindre 1 792 litres avec banquettes rabattues. Et si vous êtes au complet, vous pouvez toujours utiliser la malle de 84 litres embarquée sous le capot avant.
Une fois bien installé, on découvre que la Tesla S P85D offre une tenue de route au dessus de tout soupçon, bien aidée par le positionnement des batteries au ras du sol. Le châssis est réactif et précis, il ne prend pas de roulis et la suspension pneumatique (qui peut varier en hauteur) offre un confort de roulage étonnant.
En plus, on peut mettre « pied dedans » sans aucune arrière-pensée ou inquiétude grâce au système Dual Motor qui permet à la Tesla S d’avoir une transmission intégrale. Mais il s’en distingue grâce à ses deux moteurs, dont l’un est situé à l’avant et l’autre à l’arrière, ce qui évite d’avoir recours à des liaisons mécaniques complexes afin de distribuer la puissance à partir d’un seul moteur vers les quatre roues.
Notre avenir ?
A ce stade de l’essai, j’ai choisi de me poser et de me demander si j’achèterais une telle voiture. La réponse est difficile à apporter pour plusieurs raisons. La première, c’est que je suis passionné d’une certaine forme de voitures. Si la ligne est un élément important dans mes choix (et la Tesla est plutôt réussie, surtout vue de l’arrière), elle l’est moins que le moteur qui est une source de sensations. J’ai eu l’occasion de tester beaucoup de voitures et je dois avouer que celles disposant d’un moteur atmosphérique rageur, dotés de 5, 6, 8, 10 ou 12 cylindres m’ont souvent apporté une source de plaisir qui fait que l’on ressort de la voiture avec un sourire non dissimulé. C’est cette culture et cette vision de l’automobile que je tente de transmettre à mes filles.
Je ne dis pas que c’est LA culture qu’il FAUT avoir. Je dis que c’est la mienne, libre à vous de la partager ou pas.
Mais quand on prend le volant de la Tesla, on a entre les mains une auto qui accélère très fort dès le démarrage, qui motrice parfaitement et qui tient parfaitement la route (merci aux batteries situées près du sol). Mais il me manque quelque chose. Une chose qui vibre, dotée de bielles et pistons et qui chante sa joie à travers un échappement libéré. Ce truc qui vous donne envie, dans un tunnel, de claquer un rapport et de le faire chanter. J’ai été élevé à l’école du moteur et c’est compliqué de s’en défaire.
Cependant, je comprends les enjeux écologiques et je suis prêt à faire des efforts, à rouler tous les jours en Renault Zoé à 15 000 euros pour des déplacements urbains ou professionnels sans aucun intérêt en terme de conduite. Mais pour vivre ma passion, je ne peux pas me faire à l’idée de ne pas entendre un moteur, surtout si je dois investir 130 000 euros dans une voiture. La F1 moderne me désole sur ce sujet (voir article Monaco).
Par contre, il est probable que dans quelques années je passerai pour un vieux complètement « has been » au volant de ma voiture car la nouvelle génération aura peut-être été bercée par des moteurs électriques et ne comprendra pas (ou plus) qu’on veuille encore rouler au sans plomb. C’est peut-être elle qui aura raison. Mais visiblement, vue la mine réjouit de mes filles en reprenant notre cabriolet et son 6 en ligne qui chante, il se peut qu’elles suivent la (mauvaise ?) voie que leur père leur aura transmise. Qui sait.
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Notre Avis
La Tesla P85D est une réussite : belle, rapide, sûre, hautement technologique et propre. Elle impose quelques contraintes d’utilisation ce qui ne l’a pas empêchée de convaincre pas mal d’acheteurs. Mais selon nos informations, elle ne simulera jamais le bruit d’un moteur. Dommage.