Essai : Renault Alaskan 2.3 dCi 190ch, le Pick-up « Lifestyle »
Assistons-nous à l’émergence d’une nouvelle mode ? On peut se poser la question quand on voit l’intérêt que portent les constructeurs de voitures aux Pick-up. Renault lance Alaskan, issu du Nissan Navara, capable de transporter une famille et jusqu’à une tonne de marchandises…
La mode du Pick-up arrive en France ?
Si dans beaucoup de pays comme les Etats-Unis, le Pick-up est une voiture qui court les rues, le moins que l’on puisse dire c’est que par chez nous, c’est une denrée rare. Même si le marché a progressé de 25% en 2016 et affichait +19% à fin juin 2017 selon Renault, il représentait à peine plus de 17 000 ventes en 2016 en France, chiffre qui incluait les versions à TVA récupérable.
Sur le marché 2018 les clients ont le choix, principalement, entre le trio Navarra (Nissan), Alaskan et le Classe X (Mercedes) qui repose sur la base du premier, le Ford Ranger, le Volkswagen Amarok, le Fiat Fullback, le Toyota Hilux, le Mitsubishi L200 et l’Isuzu Dmax.
Après la mode des monospaces, des coupé-cabriolets et maintenant des SUV, les constructeurs n’ont-ils pas trouvé un bon filon pour nous proposer une voiture qui, pour une bonne partie des propriétaires, ne répond à aucun de leurs besoins réels et servira simplement à se démarquer se son voisin ?
C’est bien possible… C’est d’ailleurs pour cela que Renault mise sur le design de l’Alaskan comme cela nous a été précisé lors des questions-réponses en conférence de presse.
L’Alaskan soigne son look et ses équipements
C’est toujours une affaire de goûts, mais j’avoue que sur le marché du Pick-up Alaskan apporte une touche de modernité avec sa face avant imposante. Les designers ont réussi à transposer le design Renault sans le dénaturer. On retrouve la signature lumineuse en forme de « C » et des projecteurs Full LED.
De profil, on joue au jeu des 7 erreurs avec le Navarra même si Renault mise sur de nombreuses touches de chrome. L’arrière, quant à lui, est celui.. d’un Pick-up ! Il sera sans doute difficile pour un designer de démarquer la voiture dont il a en charge le design sur ce point.
Une fois installé dans l’Alaskan, difficile de ne pas avoir la sensation d’être à bord du Navara : même tableau de bord, sellerie quasi identique… On sait qu’on à bord d’une Renault grâce au volant !
A la différence d’un simple Pick-up utilitaire, Alaskan reçoit des équipements modernes de sécurité (ABS-ESP, distribution électronique du freinage, aide au freinage d’urgence, système antipatinage. Le freinage actif d’urgence sera disponible ultérieurement. Les 7 airbags sont de série (conducteur, passager, latéraux, rideaux et genoux conducteur).
Au centre du tableau de bord, sous les yeux du conducteur, on retrouve un écran couleur TFT 3D de 5 pouces, et sur la partie centrale c’est un système multimédia tactile avec écran couleur 7 pouces qui gère le GPS, les fonctionnalités audio et affiche les mages de la caméra 360°.
Sur la route et sur les pistes
Lors de notre essai, qui s’est déroulé en Slovénie, nous avons pu tester l’Alaskan sur les routes et sur les pistes de ce pays verdoyant. Sur le bitume le dernier né de chez Renault s’en tire bien grâce à son confort. Toutefois, les freins à tambour à l’arrière n’incite pas trop à hausser le rythme et lors d’une descente de montagne, il conviendra d’adopter une conduite raisonnable car le poids de la version 2.3 dCi, de 2086 kilos, ajouté à un centre de gravité élevé, vous rappelleront vite à l’ordre.
Avec un 0 à 100 km/h réalisé en 10,8 secondes et une vitesse de pointe de 180 km/h, Alaskan offre des performances correctes grâce à son moteur de 190 chevaux, issu du Renault Master. La boite automatique nous paraît être un bon choix sur cette voiture car elle correspond à la philosophie du Pick-up.
C’est sur terre, gravier, gadoue ou encore piste rocailleuse que Alaskan reprend des couleurs. Il se montre à l’aise, capable, grâce à ses bons angles d’attaque (29° à l’avant, 25° à l’arrière) d’affronter des situations compliquées. L’Alaskan dipose de trois modes de conduite. Le mode 4 roues motrices élevé (4H) est activable à moins de 60 km/h par le simple enclenchement de la commande « Shift on the Fly ». Il convient pour faire du hors-piste léger, en cas de perte partielle de la motricité : routes humides, pierres… (vitesse maximale de 100 km/h).
Avec les 4 roues motrices bas (4LO), autrement appelé « boite courte » on dispose d’une démultiplication supplémentaire pour une puissance accrue et une meilleure adhérence sur les terrains extrêmes comme le sable, la neige, la boue épaisse… Enfin, le mode propulsion avec différentiel arrière bloqué et antipatinage est amusant sur une route à faible adhérence, rendant l’arrière « joueur » avec une tendance à drifter quand on remet les gaz. Il faut noter la présence d’un lest de 100 kilos placé dans le coffre de rangement dans la benne dont la finalité était sans doute de mieux répartir les masses…
Coté consommation, les 6,3 litres pour 100 kilomètres annoncés par Renault sont optimistes. Nous avons relevé 8,7 litres sur asphalte en condition de conduite respectueuse du code de la route locale et malgré une boîte automatique à 7 rapports.
Couteau Suisse…
Alaskan peut bénéficier de transformation sur mesure pour un usage spécifique : police, pompiers, dépanneuses, nacelles, ambulances… Pour les particuliers, il est possible d’ajouter une cellule camping-car de petite taille car la double cabine privéligie l’habitacle à la capacité de chargement. Cette dernière est, au maximum, d’une tonne et il est possible de tracter jusqu’à 3,5 tonnes. Le moteur de 190 chevaux aura alors fort à faire avec un poids de 3,5 tonnes à mouvoir (Remorque + Alaskan)…
Du côté des accessoires, les clients pourront opter pour un hardtop avec hayon verrouillable (photo ci-dessus), pour augmenter le volume de stockage et protéger le chargement des intempéries et des vols, pour un couvre-benne, pour une protection de benne en plastique, pour un organiseur de benne, (pour aménager et compartimenter l’espace de chargement) etc.
Conclusion
« Un pick-up Lifestyle »… tel est le positionnement d’Alaskan selon Renault. Les conducteurs sensibles à leur image craqueront-ils pour une voiture qui, en usage familial routier, consomme plus qu’une bonne berline, tient moins bien la route et offre de moins bonnes performances ? C’est bien possible car on est là dans l’irrationnel. Et dans ce cas, le dernier né de chez Renault a une belle carte à jouer.
Texte et photos : Philippe HORTAIL
Pourquoi acheter une Renault Alaskan
– Pour son look
– Pour son usage réel
Pourquoi hésiter
– Parce que un Pick-up est destiné à un usage précis
– Parce qu’une berline sera plus efficiente