L’Amérique tentée par l’électrique ?

BMW X2 : Demandez une offre !

Phénomène nouveau, aux Etats-Unis les constructeurs automobiles profitent des week-ends de course pour mettre en avant leurs derniers véhicules électriques. Avec un succès limité, pour l’instant.

Didier LAURENT

Ici, sur le Michelin Raceway Road Atlanta, en plein de cœur de la Georgie, on croise peu de véhicules électriques. Pourtant, à en croire les villas aperçues et le niveau des voitures sur les routes environnantes, la région semble être habitée par des populations de classes sociales supérieures. Autrement dit, des gens en capacité de s’acheter des modèles à batterie. Mais ils préfèrent largement le V6 ou le V8, toutes carrosseries confondues.

La course auto comme tremplin

Là aussi, à en croire le genre de voitures qui circulent dans l’enceinte du circuit, la voiture électrique n’est pas considérée. Entre les Jeep et les pick-up, les rares berlines sont elles aussi thermiques. Mais une tendance est en train de s’installer. Voilà maintenant une dizaine d’années que nous nous rendons à la course de Petit Le Mans, et nous avons pu voir l’évolution du paysage automobile, tout du moins du côté des exposants. Encore deux ans en arrière, nous avions relevé -avec un petit sourire- que l’endroit destiné aux voitures électriques sur le parking des membres du club Porsche était occupé par… Une voiturette de golf. C’est année, il n’y pas plus de Taycan que l’année dernière, mais du côté des voitures neuves exposées, l’ambiance est différente.

BMW en pleine transition

Dans le championnat IMSA, BMW fait rouler aux Etats-Unis des prototypes hybrides V8, et des M4 GT3, qui passent devant nous avec le plus grand bruit au moment où nous écrivons ces lignes. Sur le stand de la marque, si on trouve le gros XM, une M5 et une M4 CS, on trouve aussi une i4 et une i5. Il n’y a pas grand monde autour, mais elles sont là. En faisant quelques mètres, on tombe sur le stand de Michelin, qui expose des voitures de courses prêtées par Mercedes, mais aussi un espace « Garage du futur ». Et qu’est-ce qu’on trouve dedans ? Une Harley-Davidson électrique, un pick-up à batterie, dans la benne duquel a été arrimé un vélo électrique.

Une Harley-Davidson électrique, on pourrait penser que c’est de la provocation. Le stand Michelin présente néanmoins l’avenir.

Chevrolet s’y met

Le Silverado EV (73 100 $) qui est exposé attire les curieux. Son capot est ouvert, et en-dessous il n’y a rien. Ou plutôt si : l’espace d’un bon coffre de berline, qui permet de mettre des objets à l’abri des regards. A l’intérieur, tout n’est que modernité, avec des grands écrans. Le Silverado EV annonce une autonomie de 730 km grâce à des batteries de… 213 kWh. Près d double de la plus grosse des voitures européennes. L’engin pèse 3 870  kg, il est supporté par des jantes de 24 pouces et motorisé au minimum par une machine électrique de 500 ch. Selon Chevrolet il accélère de 0 à 100 km/h en 4,5 s dans sa meilleure configuration. Il faut alors prévoir un peu de place pour l’exercice, car l’engin fait 5,92 m de long. Même Tesla n’a pas encore fait de pick-up hormis le Cybertruck, qui reste un modèle à part. Ford a déjà franchi le cap, avec le F150 Lightning. Mais les ventes ne sont pas au rendez-vous.

L’autre modèle de Chevrolet, qui a remisé sa Corvette dans le fond de son stand, c’est le Blazer, avec un E bleu pour rappeler qu’il est électrique. On fait déjà plus dans la sagesse avec ce gentil SUV vendu à partir de 47 600 $, avec une batterie de 85 kWh et 288 ch. On parle d’une autonomie de 450 km, mais nos confrères essayeurs parlent d’un confort de petit niveau, et de l’oubli de la connexion Apple CarPlay ou Android auto. Dommage.

Acura aussi

Sur le stand de la branche américaine et chic de Honda, c’est aussi un gros SUV qui est présenté. Voici le ZDX, avec son style de VinFast (une marque vietnamienne qui fait des modèles du même genre). Prix de base : 66 000 $, batterie de 102 kWh, autonomie de 500 km, 358 ou 499 ch. Ca vous tente ? Puisqu’on vous dit que c’est pour sauver la planète.

Si les clients ne semblent pas particulièrement au rendez-vous, le constat est clair : les marques de grande diffusion profitent d’événements ciblés pour porter la bonne parole électrique de l’autre côté de l’Atlantique. Depuis des années, nous constations que les USA étaient à la remorque de l’Europe sur ce sujet. A l’été 2023 quand nous avions traversé 4 états avec une Hyundai Ioniq 6, nous avions dû notre réussite à la technologie de la voiture plutôt qu’au réseau de bornes, défaillant et parsemé. Si Donald Trump est élu en novembre, est-ce que l’engouement se prolongera ? Maintenant que les constructeurs américains ont mis le doigt dans la prise, il va devenir difficile de faire autrement.

En conclusion…

A Petit Le Mans, sur le Michelin Raceway Road Atlanta, personne ne sait si la voiture électrique a branché grand monde. En discutant avec les personnes en charge de la partie commerciale sur les stands, nous avons appris que l’intérêt pour ces jolis modèles baissait lorsque les promeneurs s’apercevaient qu’ils étaient… électriques. Comme quoi les fans de sport automobile ne sont pas encore prêts pour la voiture électrique, et plus encore lors de courses où la technologie hybride de la catégorie reine est la seule électrification autorisée. Il se pourrait que le chemin soit encore long…