Petites voitures : elles résistent !
Délaissées par les constructeurs automobiles pour des questions de rentabilité face aux modèles polyvalents un peu plus grands, les petites voitures reviennent en force avec de nouvelles recettes, mais aussi parce que les clients les réclament !
Didier Laurent
En Europe, le marché de la citadine a baissé d’un tiers en quatre ans. Les petites voitures sont passées de 1,2 million d’immatriculations en 2018 à moins de 700 000 en 2022. En cause, la désaffection des clients pour les petits gabarits, causée en grande partie par… Le manque de nouveauté dans le segment. Espérant se passer de voitures de moins de quatre mètres de longueur, les marques ont progressivement abandonné leurs modèles les moins rentables. En 2018, le segment comptait 32 propositions. En 2023, elles n’étaient plus que 18, et les prévisions faisaient état d’au mieux 15 modèles fin 2030. Mais ça, c’était avant.
Le client est toujours roi
Compte tenu de la hausse du prix des matières premières, des obligations d’équipement de sécurité et du besoin de faire du cash pour investir dans la voiture électrique, les constructeurs ont fortement augmenté les tarifs de leurs voitures neuves. Une montée en gamme en termes de taille et de technologie, qui s’est soldée par un échec commercial cuisant. En 2022, le marché automobile français a affiché 1,5 million d’immatriculations, soit son niveau le plus bas depuis… 1974, quand la France comptait 15 millions d’habitants de moins. En même temps on voit bien aujourd’hui que le marché de l’électrique ralentit, principalement sous le coup de l’amoindrissement des bonus. Les constructeurs ont alors besoin de nouveautés, mais surtout de quoi attirer de nouveaux leurs clients en concession. Et pour cela la recette tient en deux points principaux : il faut des voitures pratiques, simples, et des prix tirés vers le bas à l’aide de technologies déjà connues.
Le retour en grâce de la voiture accessible
Il y a pour cela plusieurs voies empruntées par le monde automobile. D’abord, introduire des versions à hybridation légère, comme le fait actuellement Fiat avec la 500 dont il jurait qu’elle resterait uniquement électrique. Mais il y a aussi le retour annoncé de plusieurs petits modèles iconiques, comme la Renault Twingo, qui va revivre de ses cendres en tout électrique, d’ici deux ans. Mais dès aujourd’hui, nous avons à disposition des modèles qui n’ont pas lâché leurs clients, comme la récente Kia Picanto, ou encore la dernière génération de Suzuki Swift. Pour moins de 20 000 € en tarif de base, ce modèle hyper complet de 3,86 m de long offre une excellente polyvalence, et dispose de tous les équipements modernes du moment. C’est cette génération de petites voitures qui va désormais rythmer notre quotidien, doté du meilleur rapport qualité prix qui soit.
Pas cher ne veut pas dire dépouillé
Rendons hommage aux constructeurs automobiles, qui ont rapidement dégainé des nouveaux modèles pour sauver leur chiffre d’affaires mais aussi pour répondre à nos besoins. Avec l’arrivée des nouvelles Citroën C3 ou de la future Fiat Panda, on fait du low-cost sans le dire, ou plutôt de « l’essentiel » comme se plait à le dire Citroën. En revanche, le taux d’équipement minimum reste bon sous le poids de la réglementation, mais aussi de nos habitudes de consommation. Plus personne ne veut d’une voiture sans direction assistée, vitres électriques ou climatisation. Les économies vont alors sur les vraies innovations. Le plus souvent, sur les voitures les moins chères du marché vous aurez droit à des moteurs thermiques (comme la Kia Picanto, c’est tellement moins prise de tête), ou des versions à hybridation légère, dont l’entretien coûtera certes quelques euros de plus, mais avec un niveau de servitude réduit.
Pour nous offrir des voitures moins chères, les fabricants recherchent de nouvelles méthodes d’assemblage. Et là, les mouvements écologistes se réveillent. Selon l’association HOP (Halte à l’obsolescence programmée), certaines nouvelles technologies, comme celles qui consistent à produire des batteries de dernière génération (notamment LFP), ou encore le méga-casting, qui permet de réduire le nombre de pièces d’une voiture pour réduire ses couts d’assemblage, conduisent vers l’ère de la voiture jetable.
En automobile, un combat peut donc en cacher un autre, mais notre besoin de liberté et de mobilité ne peut se réduire, alors que nous sommes désormais 8 milliards sur terre, soit le double d’en 1975. Concernant l’électrique en Europe, il ne devrait pas y avoir d’inversion de tendance. Peut-être que l’échéance de 2035 ne sera pas totalement tenue, mais les simples règles en vigueur le 1er janvier prochain vont déjà contraindre les constructeurs à réduire la voilure sur le thermique. C’est aussi pour cette raison que les petites voitures tiendront encore leur rang, car elles passeront encore -un peu- sous les radars.