Rallye du Mexique WRC : Meeke et Citroën sortent de l’ornière… et gagnent !

Après un départ chaotique, le rallye du Mexique a trouvé le bon rythme et, comme chaque année, a été un véritable succès. Retour sur quatre journées de course animées et sur la première victoire de Kris Meeke dans cette épreuve où Citroën Racing n’avait plus gagné depuis 2012.

Le rallye du Mexique est la première épreuve sur terre de la saison. Après le Monte-Carlo et le rallye de Suède, les concurrents considèrent souvent qu’il s’agit du véritable début du championnat, les épreuves sur cette surface étant les plus nombreuses : 8 sur 13 manches en 2017, sans compter le rallye d’Espagne, qui offre une surface mixte (asphalte/terre).

Mais, pour animer l’épreuve, et alors que depuis plusieurs années toutes les spéciales se disputent dans les montagnes environnantes de Léon au nord du pays, la direction de course a décidé d’organiser cette fois-ci la première super spéciale au cœur de Mexico City, sur la place historique Zócalo, là où a été tourné en partie le dernier James Bond. Une bonne idée qui aurait dû attirer 200 000 spectateurs selon les organisateurs. Mais la pluie en a décidé autrement, et c’est sur des pavés détrempés et devant une foule moins dense que prévu que les concurrents ont pris le départ à 20 heures ce jeudi 9 mars. Cette séance « exhibition » sans grand intérêt aurait pu être un bon coup médiatique si la météo avait été de la partie. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, un accident de la circulation a bloqué les camions qui remontaient les voitures de course à Léon pendant plus de six heures… De ce fait, les concurrents n’ont pas pu prendre le départ le vendredi matin faute de voiture, et les deux spéciales du matin ont dû être annulées.

Trop de chaleur et d’altitude

Heureusement, une fois les choses rentrées dans l’ordre, la compétition a repris ses droits sur les opérations marketing, et le spectacle a été somptueux. On peut alors considérer que le vrai départ du rallye du Mexique a été donné le vendredi 10 mars à 16h14, avec la quatrième spéciale du rallye, El Chocolate, qui est aussi la plus longue de l’épreuve (54,9 km). Après de nombreux soucis techniques pour plusieurs concurrents -des problèmes de surchauffe moteur pour la plupart- c’est le britannique Kris Meeke (Citroën C3) qui s’est emparé de la tête du rallye, devant le français Sébastien Ogier (Ford Fiesta privée du Team M-Sport) et le belge Thierry Neuville (Hyundai).

Une hiérarchie qui n’était pas bousculée le samedi matin, les écarts entre les pilotes étant déjà de l’ordre de 20 à 30 secondes au bout de 7 spéciales, dont seulement deux ont été courues sur la terre après l’annulation des SS2 et 3, et l’organisation de trois mini-chronos dans les rues de Guanajuato et de Léon le vendredi soir. Normalement, ce genre de petite spéciale ne génère aucun changement de classement, mais les pannes de ce vendredi avaient fait reculer les deux Hyundai de Paddon et de Sordo de plusieurs places.

Les problèmes de surchauffe étant identifiés et corrigés, aucun souci technique majeur n’a été à signaler le samedi. En revanche, la légère sortie de route de Stéphane Lefebvre dans la spéciale numéro 10 a été difficile à digérer : il s’en serait sorti à coup sûr si des spectateurs avaient été aux alentours. A la mi-journée, c’est toujours avec plus de 20 s d’avance sur Ogier que Meeke est revenu au parc d’assistance, Neuville complétant le podium provisoire à plus d’une minute.

Faire le bon choix de pneus

Tous partis en pneus à gomme tendre le samedi matin, les concurrents ont néanmoins fait des choix plus stratégiques pour l’après-midi, certains mixant les pneus « Soft » et « Hard », d’autres passant en gomme dure. A noter que pour cette troisième manche du championnat du monde des rallyes Michelin, qui fournit la majeure partie des écuries et toutes les équipes usine, avait apporté un nouveau pneu à gomme tendre, le Michelin LTX Force S5. Son développement fait suite à une modification de la réglementation FIA, qui autorise les voitures à développer plus de puissance (jusqu’à près de 400 ch contre 330 ch l’année dernière), à utiliser un package aérodynamique plus poussé, ainsi qu’un différentiel central piloté.

« Nous avons procédé à des modifications de la composition de la bande de roulement afin de répondre aux performances très élevées des voitures de rallye de cette nouvelle saison », indique Jacques Morelli, le manager de Michelin en FIA WRC. « Si on doit comparer le LTX Force S5 (S pour Soft, gomme tendre) à son prédécesseur, nous pouvons alors affirmer qu’il profite de la même rapidité de mise en régime, capitale pour bien démarrer les spéciales, mais qu’il offre des performances plus constantes et surtout pendant plus longtemps à haut niveau. De ce fait, il affiche un taux d’usure inférieur de 20 % à sollicitations égales. »

Des performances et une polyvalence qui ont été remarquées tout le week-end, les pilotes ayant souvent fait appel à ce nouveau pneu, alors que le rallye du Mexique se court majoritairement depuis 13 ans en gomme dure.

Meeke a failli tout perdre à un kilomètre de l’arrivée

Le samedi soir, le classement n’avait pas évolué, les écarts de temps entre les différents protagonistes ayant été trop creusés dès le début de la course. En outre, Ogier a fait un tête-à-queue dans la dernière spéciale, perdant encore quelques secondes de plus.
Le dimanche matin, alors que Meeke disposait de plus de 35 secondes d’avance sur Ogier, il ne lui restait plus que deux spéciales à parcourir pour l’emporter. Autant dire qu’à la régulière, personne ne pouvait le rattraper.

Mais alors qu’il avait course gagnée à moins d’un kilomètre de l’arrivée, sa C3 quitta la piste par la gauche, traversa des arbustes avant d’atterrir sur un parking. Sa caméra ayant été arrachée, tout le monde a cru qu’il avait fait des tonneaux. Mais les images suivantes, prises par les caméras de l’organisation du WRC, montrent sa C3 entamer un véritable gymkhana entre les voitures (voir notre vidéo) afin de retrouver la piste.

Au prix d’une belle frayeur, Meeke remporte son premier rallye du Mexique, avec seulement 13,8 s d’avance sur Ogier, et 59,7 s sur la Hyundai de Thierry Neuville.
La prochaine manche du championnat du monde des rallyes aura lieu du 6 au 9 avril sur l’Ile de Beauté, pour le traditionnel Tour de Corse-Rallye de France.

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Didier Laurent
Photos : droits réservés

Vidéo : la sortie de piste de Kris Meeke dans la dernière spéciale

https://www.youtube.com/watch?v=AunHTH5THYU&feature=player_embedded

Diaporama du Rallye du Mexique WRC 2017