Vu pour vous: Weekend of a Champion

Nous en avons entendu parler, mais trop peu de diffusions depuis sa présentation en 1972. Nous pouvons le dire, il est enfin là ! Ce documentaire a été remis au goût du jour grâce à un travail de colorisation et de remontage, quarante ans plus tard. Nous ne cachons pas notre plaisir d’assister à cette projection.

week-end of a champion stewart polanski 1

Retour dans l’univers de la F1 en 1971

Nous sommes pendant une heure trente replongés dans le championnat du monde de Formule 1 de 1971. La prise de position de Polanski vis-à-vis de Jackie Stewart et du monde de la F1 de l’époque est simplement inédite, aussi bien par le biais des caméras embarquées que part cette façon de filmer l’instant, souvent en mouvement. On ne peine pas à oublier l’instabilité de la caméra, car grâce à cela justement, nous sommes transportés sur le circuit de Monaco, aux côtés d’une « rock-star » de l’époque comme s’amuse à le répéter Roman Polanski dans son interview sur le film.

Jackie Stewart, un gladiateur

Cependant, après ce passage sur les circuit, nous plongeons très vite dans l’intimité du pilote. Nous découvrons ses relations avec son entourage proche. Le rôle du mari, du professeur envers François Cevert, du pilote perfectionniste et performant voire exigeant envers son directeur sportif Ken Tyrrell. Malgré tout, Polanski nous montre cet homme sensible au stress imposé par les conditions météo très dures sur ce week-end de course, une voiture difficile à piloter sur le mouillé alors que d’autres pilotes font des temps plus qu’honorables dans ces conditions. Toutefois, à travers ce documentaire, on prend la mesure du potentiel exceptionnel de Jackie Stewart. Sa façon de raconter et d’expliquer son pilotage à Monaco met une certaine proximité entre le professionnel qu’il est et le public que nous sommes. Aujourd’hui les chronos ne sont plus les mêmes, les voitures vont plus vite, d’accord, mais quand on entend Ken Tyrell conseiller à Stewart de tourner environ 2000 tours plus haut en régime sur le mouillé afin d’éviter de patiner à cause du couple à bas régime… la voiture semble pourtant déjà en perdition. A cettte époque, les pilotes étaient des gladiateurs en combinaison de course.

Ceci n’est qu’un bref aperçu du flot d’anecdotes présentes tout au long de ce film. Nous sommes du début à la fin imprégnés de l’osmose qui règne sur la principauté pendant ces quelques jours. Un mélange de gloire, de stress, de peur, de remise en question pour finir par une intervention de Juan Manuel Fangio juste avant le départ. Il s’adresse à Stewart et lui dit clairement: « S’il pleut, il pleut pour tout le monde. »

L’entretien entre Polanski et Stewart, 40 ans plus tard…

Tout cela débouche bien entendu sur une victoire de Stewart.  A la fin de ce documentaire, nous faisons un bon de 40 ans avec un entretien entre Polanski et Stewart  qui s’est déroulé en 2011 lors du Grand Prix monégasque, dans la même chambre d’hôtel qu’ils occupaient à l’époque. Un aller-retour dans le temps qui renforce cette prise de conscience sur le risque permanent qui planait sur le championnat de l’époque. Aujourd’hui, les protagonistes de la Formule 1 bénéficient d’une sécurité digne de ce nom. Ce sport a donc changé. En bien c’est indiscutable, vu l’absence de drames lors des Grands Prix de ces dernières années. Mais une question se pose: Les pilotes peuvent-ils toujours être qualifiés de gladiateurs ?

Guillaume Pons