Rencontre : Henri Pescarolo, le regard d’un « monument du sport automobile »

Dans un média automobile plus qu’ailleurs, on ne présente plus Henri Pescarolo, notamment quadruple vainqueur des 24 heures du Mans auxquelles il a participé 33 fois.
A défaut, Wikipédia lui consacre une belle rubrique.

L’inauguration de la Lotus Driving Academy au circuit du Grand Sambuc nous a permis d’échanger avec Monsieur Pescarolo sur plusieurs sujets avec un homme devnu un monument du sport automobile.

Henri Pescarolo (3e en partant de la gauche) entouré de Frank Biela, Emanuele Pirro, Pierre Fillon (President de l'Automobile Club de l'Ouest), Tom Kristensen, Jacky Ickx et de Gérard Larrousse réunis autour du nouveau Trophée des 24hH du Mans, apparu en 1993.

Henri Pescarolo (3e en partant de la gauche) entouré de quelques pilotes solides piliers de la grande histoire du Mans réunis autour de Pierre Fillon, le président de l’ACO (Automobile Club de l’Ouest) : Frank Biela, Emanuele Pirro, Tom Kristensen, Jacky Ickx et de Gérard Larrousse réunis autour du nouveau Trophée des 24hH du Mans, apparu en 1993.

« Le sport automobile est toujours extrême… La mort, on y passera tous »

Celui qui a fini troisième de son premier Grand Prix de F1 de Monaco se rappelle : « Quand on partait, on savait et on acceptait le risque de ne pas finir la course entier. Avec le principe de précaution, ce n’est plus possible.
« L’aura du pilote était autre et j’adorais rouler à 300 km/h en dérive sur des circuits rapides.
« La course automobile est toujours un sport extrême… mais un gars qui saute d’une montagne en parapente, s’il se tue, il est seul responsable. En F1, en cas de problème, on va chercher des responsables. Ce fut le cas avec Franck Williams lors de la mort de Senna.
« Si ce n’est pas le team, ce sera le circuit. Mais je dois reconnaître que, en tant que patron d’écurie, j’étais très inquiet pour mes pilotes. C’est la civilisation qui a évolué… la mort n’est plus admise même si on y passera tous.
« 

« Sur la route, quand je monte dans une auto je me fais chier… »

PESCA 2016-05Henri Pescarolo a choisis de se déplacer le plus souvent possible à bord de son hélicoptère car « il est impossible de prendre du plaisir au volant sur la route. Je perds mes points non pas 6 par 6 mais un par un car je suis parfois à 110 au lieu de 120 et je m’endors…

« L’autre jour, un ami est venu me voir chez moi avec le dernière Ferrari California et sur la petite route de ma ferme, j’ai pris 275km/h… C’est une voiture fabuleuse. Mais sur route ouverte on ne peut plus rien faire… alors il reste le rêve. « 

L’aéronautique est sa seconde passion… « quand je monte dans une auto je me fais chier Dans un hélico je suis heureux. »
Il regrette simplement de ne pas avoir été collectionneur car à l’époque, les « Matra on les mettait à la poubelle à la fin. On me les aurait données !« 

« La Formule 1 ? j’ai du mal à en parler »

Dès qu’on aborde le sujet de la Formule 1 moderne avec Henri Pescarolo, il hésite… » J’ai du mal à en parler… le public semble se désintéresser de la F1. Ce sont devenu des courses artificielles avec les changements de pneus pour avoir plus de spectacle. C’est de l’endurance !  Alors qu’en endurance, on a des grands prix de 6 heures, même si les pilotes doivent gérer la consommation.« 

En parallèle, il fait le constat que réussir en sport automobile est très dur car trouver des sponsors est compliqué : « En Formule Renault, il faut débourser 400 000 euros pour une saison. Si on n’a pas la chance de passer par une filiale Ferrari ou Red Bull, c’est difficile de boucler le budget. Une partie des pilotes de talent ne perce pas. A l’époque, il n’était possible d’arriver en F1 à 18 ans. Vettel et d’autres aimeraient que les F1 soient plus dure à conduite.« 

Henri Pescarolo et Pierre Dupasquier - créateur du Service compétition Michelin - lors des festivités des 40 ans du circuit Paul-Ricard.

Henri Pescarolo et Pierre Dupasquier – créateur du Service compétition Michelin – lors des festivités des 40 ans du circuit Paul-Ricard.

Pour Henri Pescarolo, les constructeurs ont une influence qui mène à ça. Mais celui-ci qui doit avoir le dernier mot, c’est celui qui pilote la voiture. « Avant que mon équipe disparaisse, j’ai eu des contacts avec de très grands groupes pour du sponsoring mais les conseils d’administration leur interdisait de communiquer à travers le sport auto. Pourtant le retour sur investissement était très bon. Ce n’était pas assez écologique !« 

Lire aussi : Hankook 24H Series au circuit Paul-Ricard.

Philippe HORTAIL
Photos : Raymond PAPANTI, DR