Exclusif Inside F1 « Team Banana » : les espoirs de Renault Sport en Grand Prix à confirmer à Bahreïn
Avec Renault Sport F1 Team, la Maison Jaune est de retour en Formule Un, grâce à une écurie à part entière. Et ça s’est vu, avec charme lors de la soirée de révélation de la RS16 dont la marraine était l’australienne championne de surf Ellie-Jean Coffey, puis avec efficacité à l’arrivée du premier round de la saison en Australie. Jolyon Palmer et Kevin Magnussen à moins de dix secondes de marquer leurs premiers points, c’est la première vraie bonne nouvelle du Grand F1 Circus 2016, qui a commencé à Melbourne. Car Renault a une crédibilité à restaurer, entamée par deux saisons ratées (2014-2015) en tant que motoriste. Celles-ci venant tout de même après quatre saisons de domination totale, avec Red Bull-Renault-Infiniti de 2010 à 2013 et autant de couronnes mondiales dans le championnat du monde F1. Où Renault veut propulser un pilote chinois et un russe…
Les pilotes, les mécanos et les ingénieurs de Renault Sport F1 Team rejoignent en ce début de semaine Manama, où aura lieu dimanche le Grand Prix de Bahreïn. L’Agenda de Automobile en profite afin de revenir – avec les envoyés très spéciaux de l’Agence AC/DC pour Exclusif Inside F1 aux antipodes, Agnès Carlier et Paul Papazian – sur une semaine australienne qui a confirmé ce que pensaient les optimistes : Renault, après une longue réflexion, a les moyens de ses ambitions à long terme, en plus d’une attitude réjouissante dans le paddock F1 et ailleurs.
Palmer et Magnussen à la porte des points, Ricciardo 4e à Melbourne
Les résultats d’abord : au coeur de l’Albert Park, dimanche les Renault Boys ont terminé la course à la porte des points, respectivement 11e pour Jolyon Palmer, le champion 2014 de GP2, très convaincant pour ses grands débuts en F1; et 12e Kevin Magnussen, l’ex-pilote McLaren (en 2014), pour son grand retour en F1.
A signaler aussi, la très belle course de Daniel Ricciardo dans sa Red Bull à moteur Renault, toujours « Made in Viry-Châtillon » mais désormais badgé TAG-Heuer : 4e, juste au pied du podium, avec en prime le meilleur tour en course.
Tous les bons comédiens le savent, quand on remonte sur scène, surtout après un long congé sabbatique, enfin presque, il y a quelques petits détails à soigner, comme l’entrée en scène et les costumes.
Renault a eu tout juste juste avant Melbourne, en posant avec humour et sérieux les bases d’un nouveau rêve en jaune face aux Flèches d’Argent Mercedes et aux Pizzas Roulantes de la Ferrari, couleur tomate-mozzarella !
Ellie-Jean Coffey marraine d’une soirée en forme de clin d’oeil
Pour Renault, tout a commencé le mercredi 16 mars au cours de la soirée qui précédait le Grand Prix inaugural 2016. Dans un studio de cinéma des Docklands de Melbourne, cette Londres du bout du monde où la modernité va de pair avec un respect total de la tradition. Il y a des parcs impeccables et des gratte-ciels somptueux, des gens décontractés, de la bière et de la bonne musique un peu partout. Ça bosse et ça swingue, le bon endroit pour lancer une nouvelle aventure F1.
Elle est arrivée, lumineuse et brillante comme le soleil, impeccable et lustrée, portée par les vagues qui jouaient, sur l’écran géant, avec la planche de surf de la championne de la Gold Coast, la blonde et sublime australienne Ellie-Jean Coffey, 20 ans.
C’était la marraine de l’événement et l’initiatrice des deux pilotes dans les vagues : Kevin Magnussen, aussi blond qu’elle, n’avait jamais vu une planche de surf de sa vie. Avec l’aide de Jolyon Palmer, en short de surf jaune vif lui aussi, et de Cyril Abiteboul le Directeur général de Renault Sport F1, en blue jean, Miss Coffey et Mr Magnussen ont saisi la planche géante dans le noir du studio pour la guider et l’arrêter dans le bon sens et à la bonne hauteur, au bon endroit sur la scène.
Quelque 150 invités, triés sur le volet, ont alors pu admirer la livrée définitive de la Renault RS16 déjà vue à Barcelone dans une superbe robe noire. Toute vêtue de jaune, elle claquait et se détachait à merveille sur le fond si noir du studio. Cette mise en scène bien pensée, simple et efficace, a encouragé Jérôme Stoll, le président de Renault Sport F1, à rappeler les succès de la toute première Renault de F1, la fameuse « Théière » de Jean-Pierre Jabouille, apparue en 1977, l’année de naissance d’Abiteboul, et victorieuse en 1979, sur le circuit de Dijon-Prenois.
Le président de Renault Sport, Jérôme Stoll, a aussi rappelé que: « Renault était entré en F1 comme constructeur et avait mis au point le premier moteur turbo, une révolution à l’époque. Renault a montré la voie, est toujours un leader technologique et va mettre les bouchées doubles pour son retour en F1. »
Jérôme Stoll : « Renault n’a jamais quitté la F1, et a une stratégie mondiale »
Puis M. Stoll a mis les choses au point: « A dire vrai, Renault n’a jamais quitté la F1. Pour le même prix, nous revenons par la grande porte, avec une meilleure visibilité, et nous bénéficions de l’accès à toutes les plate-formes de communication de la FOM (NDLR : Formula One Management, la structure toujours gérée par l’indéboulonnable Bernie Ecclestone, 85 ans). A commencer par l’immense et imposante plate-forme télévision qui ouvre la porte à une visibilité mondiale indiscutable. C’est une visibilité qui n’a rien à voir avec ce qui se passait lorsque Renault avait le simple statut de motoriste.
« Désormais, pour Renault, il y a un vrai budget d’écurie, avec des possibilités de développements technologiques comparables aux grands dans la F1. L’annonce du 3 février à l’usine de Guyancourt nous a permis de passer au niveau supérieur. Il ne s’agit plus de parler de Renault en Europe, mais d’exposer une vraie stratégie mondiale de notoriété et de développement d’image. La compétition au même niveau que les meilleurs; cela a forcément un impact sur la marque et sur la qualité. Les clients y sont sensibles. Il faut penser à eux avant tout ! »
A Shanghai, Renault dévoilera le nom d’un pilote chinois, puis d’un jeune russe !
Il a fallu plusieurs mois pour mettre au point une stratégie globale, cohérente, bien pensée et efficace. Cela passe par la motorisation de plusieurs catégories dites inférieures, mais très utiles pour repérer les meilleurs jeunes pilotes, et la création d’une Académie destinée à les faire progresser jusqu’au plus haut niveau.
Juste avant Melbourne, l’intégration du jeune Canadien Nicholas Latifi a été annoncée, en plus des quatre pilotes déjà annoncés début février à Guyancourt. A Shanghai, Renault dévoilera le nom d’un pilote chinois, et il y aura aussi un jeune Russe, bientôt, dans la foulée de Vitaly Petrov, pilote Renault en 2010 et 2011.
A l’heure de la fête Renault F1, le président Stoll ne s’arrêtait plus, alors il a évoqué le Brésil, pays-cible évident de cette opération de reconquête du monde automobile par la Maison Jaune. Il le connaît bien, puisque basé à Curitiba de 2006 à 2009, en tant que responsable du développement de Renault en Amérique du Sud. C’est d’ailleurs à lui qu’on doit l’organisation, en 2008, d’un célèbre roadshow à Curitiba, en l’honneur de Nelson Piquet Jr et pour lequel le maire avait accepté de regoudronner entièrement les rues de sa ville…
« Cyroul » et le « Team Banana » : « On a trouvé une demi-seconde au tour »
Alors que la belle RS16 gainée de jaune semblait commencer à danser sur sa planche de surf, le Président de Renault Sport a passé la parole à Cyril Abiteboul, aussi DG que DJ, chef d’orchestre de ce grand retour en F1 : « La fiabilité et la puissance du moteur ont été travaillées, des évolutions successives sont prévues pendant toute la saison 2016. Un gros coup de collier a été donné cet hiver, en prévision de ce premier Grand Prix de la saison. Nous pensons avoir trouvé le secret de la demi-seconde par tour qui nous faisait défaut l’an dernier », a notamment dit « Cyroul », son nickname sur Twitter.
Ce n’était pas de l’intox, ou une promesse en l’air, et les preuves sont arrivées les unes après les autres, lors d’un week-end de F1 parfaitement réussi par le « Team Banana », une manière cool de se surnommer pour l’équipe d’Enstone, en référence à la couleur historique retrouvée par les F1 Renault, jaune Sirius pour les connaisseurs.
Une façon aussi de continuer dans la dérision et l’humour, car c’était l’une des marques de fabrique de Lotus. Surtout quand il n’y avait plus d’argent dans les caisses, juste avant le rachat par Renault.
Car l’humour permet de survivre, quand ça va moins bien, et il y aura forcément des hauts et des bas pour Renault en 2016. On ne va pas s’ennuyer en F1 cette année, tant mieux…
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Charles-Bernard ADREANI avec Agnès CARLIER
et Paul PAPAZIAN, Agence AC/DC
Photos : Renault Sport F1 Team et Ellie-Jean Coffey/Instagram