Rallye : Fabre-Vilmot (Saintéloc), les leaders du Mondial WRC3 au 34e Drôme-Paul Friedman

Afin de ne pas rester trop longtemps inactifs, après leur troisième succès en championnat du monde des rallyes WRC3 et leur deuxième en deux roues motrices en Argentine, avec leur Citroën DS3 Saintéloc qu’ils retrouveront en Chine début septembre, Michel Fabre et Maxime Vilmot disputeront à la mi-juillet le Rallye de la Drôme-Paul Friedman. Un rendez-vous que les leaders du championnat du monde prennent au sérieux.

Suède, Mexique, Argentine : et de trois pour le duo Maxime Vilmot-Michel Fabre et l'équipe Saintéloc en WRC3.

Au départ du 34e rallye de La Drôme-Paul Friedman (16 et 17 juillet), à Saint-Jean-en-Royans, Michel Fabre et Maxime Vilmot seront à bord d’une Peugeot 208 T16 R5 du Saintéloc Junior Team.
Le Marseillais et le Saint-Laurentais vont s’y battre pour le podium avec au moins autant de volonté qu’en WRC, dans les épreuves spéciales du Vercors réputées aussi rapides par endroits que piégeuses dans d’autres.

– Michel, vous êtes leader du championnat du monde WRC3 – 8e au Monte-Carlo, 1er en Suède, au Mexique et en Argentine où vous vous êtes surtout battu contre vous-même, mais après une 3e place en deux roues motrices en Suède vous avez dominé tous les adversaires du genre à deux reprises en Amérique du Sud. Est-ce un motif de satisfaction ?
Michel Fabre : « Je suis le premier à regretter que le WRC3, qui est une catégorie bien à part dans le monde des deux roues motrices, fasse rarement le plein ; en revanche il y a souvent des nombreuses deux roues motrices inscrites dans les rallyes mondiaux hors WRC3 en national. Par exemple, au Monte-Carlo il y avait neuf WRC3 pour une cinquantaine de 2RM.
« En revanche, j’apprécie qu’au fur et à mesure des rallyes, nos temps de référence par rapport aux WRC s’améliorent et que les écarts diminuent avec les quatre roues motrices. En Argentine, les analyses de Saintéloc ont fait ressortir que dans certains partiels nous étions parmi les dix meilleurs au scratch. Evidemment, dès que les autos peuvent rouler à la vitesse maximale nous ne pouvons pas lutter avec les WRC qui ont 150 chevaux de plus et passent mieux leur cavalerie avec leurs quatre routes motrices, mais aussi un couple phénoméal, un châssis et des suspensions incomparables d’efficacité… En super spéciale, lorsque je pars à côté d’une « simple » WRC2 je suis en train de mettre la 3 alors qu’elle a quasiment disparu loin devant ! »

« En Argentine, un champ de mines et une tenue de route épouvantable pour commencer… »

Malgré des conditions météorologiques parfois difficiles, l'enthousiasme des argentins est resté intact.

Malgré des conditions météorologiques parfois difficiles, l’enthousiasme des argentins est resté intact.

– Votre 3e succès consécutif au rallye d’Argentine, le deuxième en deux roues motrices, marque-t-il une étape ?
M.F. : « Dans la perception des difficultés de tous ordres que propose le championnat du monde des rallyes, oui ! Le Monte-Carlo était une redécouverte de la course au niveau international dans des conditions extrêmement difficiles et changeantes, et j’avais à peu près les mêmes sensations en Suède. Je suis arrivé au Mexique dégrossi et plus décontracté. Le parcours était très agréable avec des spéciales longues et variées, pas très cassantes, contrairement
en Argentine où c’était un champ de mines.
« Je garde d’ailleurs en mémoire une première journée avec une tenue de route épouvantable qui ne correspondait pas à ce que je souhaitais, assortie d’un passage de gué qui a perturbé l’électronique pendant un certain temps. Puis, les jours suivants deux tête-à-queue dont un à 150km/h, en restant miraculeusement sur la route et donc en évitant les « petits trous » de chaque côté où l’on part vite en tonneau… Là où Latvala et sa Volkswagen Polo sont justement
parti en cabriole. Fort heureusement, nous étions « un peu » moins vite : crevaison, suspension cassée et 6km sur la jante et de remuantes sensations tout de même. Enfin, à deux kilomètres de l’arrivée de l’ultime épreuve spéciale chronométrée, j’ai éclaté une roue à un point de corde, sur un rocher… »

« J’ai adoré le Mexique, et avec Maxime Vilmot c’est toujours le pied »

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Suède, Mexique, Argentine : et de trois pour le duo Maxime Vilmot-Michel Fabre et l’équipe Saintéloc en WRC3.

– Physiquement et moralement, comment vous sentez-vous ?
M.F. : « Chez moi, le moral a une énorme importance et je garde un souvenir impérissable du rallye du Mexique. J’ai adoré car ce pays est dépaysant à tous les points vue, notamment les paysages, la nourriture et la facon de s’habiller très exotique des Mexicains !
« En Argentine, j’ai eu l’impression que la population gardait bien ancrée ses origines européennes, tout comme dans leur choix des voitures. Hormis les haciendas et certains vieux bâtiments, les maisons et les paysages ne sont pas dépaysants, on pourrait se croire en Beauce, en Provence, dans les Cévennes ou dans les Alpes !
« Toutefois, ce qui m’a rassuré en Argentine, c’est que tous les pilotes ont souffert, même les plus aguerris et les plus affûtés des teams WRC d’usine. « Au risque de décevoir ceux qui me prédisaient le pire lorsque j’ai annoncé mon
intention de disputer quelques courses du championnat du monde des rallyes, je n’ai toujours pas à déplorer de problème physique particulier, pas plus que je ne ressens un manque d’endurance. Peut-être parce que je me prépare physiquement avec Vita Liberté en faisant des mises au vert au Gîte du Vercors, et mentalement, de manière
correcte mais juste ce qu’il faut car je connais mes limites.
« J’ai aussi la chance d’avoir deux atouts : avec mon jeune et talentueux coéquipier, Maxime Vilmot, c’est toujours le pied, même lorsque nous nous chamaillons… De même, avec l’équipe Saintéloc nous nous comprenons parfaitement. Si mes requêtes techniques sont parfois pointues alors que je ne suis pas ingénieur c’est
parce que je sais au moins ce que je ne veux pas… »

« Au Rallye de la Drôme-Paul Friedman, presque tout ce que nous allons
rencontrer au Rallye de Chine »

– Pour ne pas risquer de vous endormir sur vos lauriers d’ici au Rallye de Chine (2e semaine de septembre), vous allez disputer les 16 et 17 juillet le 34e rallye de la Drôme-Paul Friedman, toujours avec Maxime Vilmot et sous la houlette de Saintéloc. Il va falloir vous donner à bloc, car un équipage venu du WRC3 qui fait une pige dans une course nationale est forcément attendu au virage ?
M.F. : « Si cela peut rassurer, nous n’allons pas dans la Drôme pour nous promener, mais bel et bien afin de rester dans le rythme. L’an passé j’avais déjà participé au rallye de la Drôme avec l’équipe 2C Compétition, sur une Ford RS R5 associé à Hervé Gros. C’était ma reprise et ça s’est vu en regardant les chronos : 32e temps scratch dans la première épreuve spéciale chronométrée, 5e dans l’avant dernière. « Cette fois, ce sera au volant d’une Peugeot 208 T16 R5, engagée par Saintéloc, avec mon désormais inséparable coéquipier Maxime Vilmot. Ce sont mes partenaires qui ont choisi cette compétition et ont décidé de nous y engager. Cela tombe pile poil au milieu de la saison et de notre calendrier entre les manches argentine et chinoise du WRC3 où nous sommes engagés. « La Drôme-Paul Friedman est un rallye assez typé avec des routes où l’on roule vite, très vite même, et d’autres très serrées, avec des montées façon course de cote et des descentes impressionnantes, des grips différents, des portions de routes larges et étroites, soit à peu près tout ce que nous allons rencontrer au rallye de Chine… »

« Un départ de Spéciale à Bouvante et une liaison dans le Vercors devant le gîte de mon fils… »

Au 34e rallye de la Drôme-Paul Friedman vous serez un peu chez vous ?
M.F. : « Il est vrai que mon plaisir sera d‘autant plus grand que, le dimanche 17 juillet, le parcours de liaison entre les épreuves spéciales chronométrées N°6 et N°7 passera devant le Gîte du Vercors de mon fils Alexandre.
« Et le départ de l’ES6 aura lieu sur la Commune de Bouvante dont je porte les couleurs en championnat du monde.
« Je sais que le public portera un regard particulier sur notre équipage et je n’ai pas l‘intention de décevoir qui que ce soit. L’an passé, j’avais terminé 15e du scratch et 2e de la catéogrie R5, cette fois le Top dix s’impose naturellement voire le podium, tout en sachant qu’il y aura au départ une brochette de pilotes régionaux et de fines lames nationales : les Bryan Bouffier, Thomas Barral, Laurent Lacomy, Bruno Ginhoux et Yannick Panagiotis sont toujours très performants et habitués des podiums ! »

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Charles-Bernard ADREANI
Photos : Andre LAVADINHO, @World