Rallye d’Allemagne WRC : victoire de l’estonien Ott Tänak (Ford Fiesta)

L’estonien Ott Tänak (Ford Fiesta Team M-Sport) a dominé le Rallye d’Allemagne WRC d’une main de maître. Andreas Mikkelsen, dont c’est seulement le troisième rallye pour le compte de Citroën, s’attribue la deuxième place devant Sébastien Ogier, coéquipier de Tänak chez M-Sport.

Troisième rallye asphalte de la saison après le Monte-Carlo et le Tour de Corse (qui s’est déroulé cette année en avril au lieu d’octobre), le Rallye d’Allemagne se déroule traditionnellement sur les routes de Moselle, non loin du Luxembourg. Cette année, le parc d’assistance se tenait dans la petite bourgade champêtre de Bostalsee plutôt que la jolie ville de Trèves, où il était installé depuis plusieurs années.

Néanmoins les visiteurs se sont montrés nombreux en dépit des conditions météo maussades, aussi bien en spéciale qu’au parc d’assistance, les allemands étant toujours de grands fans de sport mécanique.

Du côté des pilotes, la première demi-journée (vendredi) s’est montrée déterminante, après la bourde de Kris Meeke (Citroën) qui a dû abandonner dès la première super spéciale du Rallye d’Allemagne, le jeudi soir, suite à une erreur de pilotage qui endommagera sa direction et qui l’empêchera de terminer. Il écopera de 10 minutes de pénalité.

Vendredi matin, c’est Dani Sordo (Hyundai), spécialiste de l’asphalte, qui s’empare de la tête. Mais ce sera de courte durée : dans la 3ème spéciale, il sort de la route et doit abandonner. Il repartira le lendemain en rallye 2. Alors que le temps est menaçant, les premières gouttes commencent à tomber. En début d’après-midi, c’est carrément le déluge. A ce moment-là, c’est Andreas Mikkelsen (Citroën C3 WRC) qui mène la danse, devant Tänak et Ogier, tous deux sur une Ford Fiesta du team M-Sport.

Des pneus spécifiques pour la pluie

En cas de fortes pluie, Michelin Motorsport a développé un nouveau pneu, le Pilot Sport FW3. FW pour « Full Wet », ce qui veut dire « très humide ». « Le Michelin Pilot Sport FW3 affiche une capacité d’évacuation de l’eau augmentée, indique Jacques Morelli, le manager de Michelin en WRC. Avec sa bande de roulement moins large que celle des Pilot Sport H5 ou S5 (175 mm contre 202 mm, Ndlr), sa profondeur de sculpture poussée à 7 mm (au lieu de 6 mm) et son taux d’entaillement supérieur aux 27,5% imposés par le règlement, il offre une meilleure résistance à l’aquaplaning. Il s’agit d’un vrai pneu pluie qui ne sera toutefois utilisé qu’en cas d’urgence, car les pilotes ne disposent que de 8 pneus FW3 pour l’ensemble du rallye. »

Le Pilot Sport FW3 sera logiquement choisi par certains pilotes compte tenu de la pluie nourrie qui arrosait les vignes environnantes, et ils ne le regretteront pas. Tänak est de ceux-là, et remportera les deux spéciales les plus difficiles à gérer sous la pluie. Mikkelsen tirera lui aussi profit de son choix, et viendra consolider sa seconde place, juste devant une Sébastien Ogier en confiance avec sa WRC.

La journée de samedi n’apportera pas de grandes surprises au niveau de la tête de la course, mais la Hyundai i20 de Thierry Neuville (Hyundai) fera des siennes (suspension cassée) dans la courte première spéciale du matin, et viendra mettre fin à la bataille que le belge menait à Sébastien Ogier pour la 3ème place.

Sortie de route pour Sordo…

Après la pluie, c’est alors un autre problème de stratégie pneumatique qui viendra se dresser devant les concurrents, les Pilot Sport S5 (gomme tendre) étant plutôt conçus pour les sols humides et/ou les températures fraîches, alors que les versions H5 (gomme dure) sont conseillés sur sol sec ou s’il fait plus chaud. Seulement voilà, les premières spéciales du jour sont humides au départ et sèches ensuite, et plus particulièrement la longue étape de Panzerplatte (près de 42 km) …

Beaucoup de concurrents ayant panaché gommes dure et tendre, les résultats bougent quelque peu à l’arrière, et Elfyn Evans (M-Sport mais pneu D-Mack et non Michelin) installe sa Ford Fiesta en 4èmeposition. Hanninen (Toyota) a connu des soucis de suspension et termine la journée à la 5ème place, juste devant Craig Breen (Citroën)

Le dimanche matin, alors qu’il ne reste plus que 4 spéciales et un peu plus de 50 km chronométrés à parcourir, la météo est assez grise mais sèche. Ogier, qui a décidé de ne pas prendre de risque pour tenter de doubler Mikkelsen, attend la power stage pour essayer de prendre quelques points supplémentaires. Thierry Neuville, qui peut tenter de limiter la casse et son retard au championnat en marquant lui aussi quelques points dans la dernière spéciale du jour (les deux hommes avaient le même nombre de points en arrivant en Allemagne) est également très motivé. Mais c’est son coéquipier Dani Sordo qui marquera finalement les 5 points de la power stage, toujours bons à prendre pour l’équipe au championnat.

Tänak, prudent dans les dernières spéciales du Rallye d’Allemagne, encaisse quant à lui sa deuxième victoire en WRC, alors que Mikkelsen enregistre son meilleur résultat avec Citroën en WRC. Ogier reprend finalement la tête du championnat Pilotes avec 17 points d’avance sur Neuville. Au championnat Constructeurs, l’avantage est maintenant à… M-Sport, qui n’est pas une écurie d’usine, mais qui va certainement devancer Citroën, Hyundai et Toyota jusqu’à la fin de saison. Une leçon qui va certainement avoir quelques conséquences dans les équipes…

La prochaine manche du championnat du monde des rallyes aura lieu en Espagne (rallye terre) du 5 au 8 octobre 2017.

Didier LAURENT

Photos : Presse.

Galerie photos Rallye d’Allemagne