Formula E: Speedy Gonzales passe à l’électrique à Mexico

Des fusées électriques dans un chaudron. Comme il y a cinq mois, quand la Formule 1 avait débarqué à l’Autodromo Hermanos Rodrigues de Mexico, les travées du circuit mexicain ont fait le plein ce samedi pour la 5e manche de la saison de Formule E. Plus de 40 000 personnes s’y sont massées pour être aux premières loges du premier ePrix disputé sur un « vrai » circuit et non dans un centre-ville. 

Formula E, Mexico, Round 5

«D’une certaine façon, ce n’est pas notre savoir-faire de rouler sur circuit avec ce genre de monoplaces, » confie Loïc Duval (Dragon Racing). «C’est vrai qu’en début de journée la piste est verte et  qu’il y a bien moins de grip que sur un circuit urbain, mais la rugosité de la piste facilite la montée en température des gommes appuie, » Serge Grisin, responsable de Michelin en Formule E. Avec 19° dans l’air et 28° au sol, le mercure n’est pourtant pas le seul aspect à maîtriser.

«Il faut aussi veiller à l’impact de l’altitude, » explique Sébastien Buemi (Renault e.dams). « A 2 240 mètres d’altitude, la voiture a moins d’appui.»

Cela influence aussi la capacité de refroidissement, la densité de l’air perdant 0,1 bar par tranche de 1 000 m d’altitude.

Formula ePrix Mexico_ROUND5Toutes ses incertitudes insufflent un vent d’optimisme dans le paddock. «On a tous envie d’en découdre,» sourit Jean-Eric Vergne (DS-Virgin). La bataille débute dès la matinée : les pilotes font chuter les chronos lors des essais libres et des qualifications, en gagnant trois secondes en moyenne. Mais Sébastien Buemi, en tête des deux séances d’essais libres, se manque lors de la super-pole. En cause : un freinage trop poussif qui lui fait perdre un temps précieux.

Dans le stand Renault e.dams, Alain Prost se tient la tête entre les mains. Pour la troisième fois consécutive, le Suisse se manque dans l’ultime tentative des qualifications. «Le pire, c’est que je ne sais pas ce qui s’est passé » explique-t-il. Le Suisse s’élancera alors de la cinquième place, derrière Abt, Di Grassi, Prost et l’homme providentiel des qualifications, Jérôme D’Ambrosio. «J’ai pris tous les risques et ça a marché » s’amuse le Belge, qui signe sa deuxième pole position après Punta del Este.

Formula ePrix Mexico_ROUND5Mais comme en Uruguay, Jérôme D’Ambrosio ne parvient pas à résister en tête de la course jusqu’au bout. A mi-course, après le changement de monoplaces (tour 24), il se fait doubler par Di Grassi. Le Brésilien est ressorti des stands devant Nicolas Prost (jusqu’alors deuxième) et a profité de son « Fan Boost » – un surplus d’énergie offert par les fans – pour faire la différence et prendre la tête de la course, creuser l’écart et sabrer le champagne dans une ambiance de feu.

«C’est le podium le plus fou sur lequel je suis monté», avoue-t-il ébahi par la foule qui entoure la scène faisant face au stadium. «Il n’y a qu’aux 24 Heures du Mans que l’on peut voir ça.»

Formula ePrix Mexico_ROUND5Sauf que Di Grassi va, en cours de soirée, descendre de son piédestal. La foule n’est plus là quand la FIA annonce, vers 21 heures, que le vainqueur du jour est disqualifié. En cause, sa monoplace, qui se trouve en-dessous du poids minimum autorisé. Comment cela peut-il arriver ? Seul l’équipe Abt Schaeffler Audi Sport le sait. Jérôme D’Ambrosio récupère donc la victoire sur tapis vert, comme la saison dernière à Berlin, où Di Grassi avait déjà été sanctionné pour un aileron défectueux. Les deux victoires du Belge de Dragon Racing ont donc toutes les deux été signées sur tapis vert et au détriment du Brésilien !

C’est bien connu : les malheurs des uns font le bonheur des autres. Et dans le coin des réjouissances tardives, Renault e.dams est bien loti. Sébastien Buemi termine finalement deuxième et conserve la tête du championnat (98 pts contre 76 pts pour Di Grassi). Mieux, la troisième place de Nicolas Prost permet à l’écurie française de creuser l’écart dans le championnat constructeur. Sans cette décision sur tapis vert, Renault e.dams ne comptait « que » 11 pts d’avance sur Abt. Finalement, l’écart s’établit à 34 pts (136 points contre 102 points pour Abt).

Formula ePrix Mexico_ROUND5«Je trouve que nous n’avons pas vraiment été compétitifs,» révèle Sébastien Buemi à l’arrivée. Pourtant, quinze jours avant la prochaine manche à Long Beach et un peu plus d’un mois avant le ePrix de Paris, Renault e.dams et le pilote suisse n’ont jamais été autant en position de force.

Derrière la bataille à distance entre Buemi et Di Grassi, Sam Bird (DS-Virgin Racing) conforte sa troisième place au général (60 pts). Le vainqueur de la dernière manche à Buenos Aires s’est offert une sacrée remontée, de la 11e à la  6e place. Son coéquipier Jean-Eric Vergne, malgré son « Fan Boost » a, quant à lui, connu le scénario inverse et dégringolé de la 6e place sur la grille à la dernière position (16e). A l’instar de Di Grassi, Jean-Eric Vergne aura à cœur de se rattraper dans quinze jours à Long Beach, le sixième rendez-vous de la saison.

Antoine Grenapin/Auto Press Club

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Photos : Jérôme Cambier