Formula E : le Suédois Felix Rosenqvist mène la danse au E-Prix de Marrakech

Le suédois Felix Rosenqvist a remporté deux des trois premières courses de la saison de Formula E. Il est incontestablement l’homme fort de ce début de championnat.

Autant le dire tout de suite, un championnat de voitures électriques, même si elles ressemblent à des Formule 1, attire peu de public au Maroc. Et pourtant, la population locale s’intéresse aux énergies renouvelables, et la presse locale consacre beaucoup de place aux questions environnementales.

Le pays compte l’un des plus grands parcs solaires au monde, et a par ailleurs l’ambition d’être le moteur de l’Afrique sur les questions de mobilité durable et d’énergie renouvelable. De ce fait, il y avait tout de même beaucoup de personnalités et d’invités sur le circuit Moulay El Hassan en ce samedi 13 janvier, et même des stars telles  que Leonardo Di Caprio et Orlando Bloom, en vacances dans la région et proches d’Alejandro Agag, le patron du championnat.

Enfin, il y avait une attraction sur la piste, en la personne du jeune marocain Michael Benyahia, pilote de développement Venturi venu participer à la journée de test réservée aux débutants, organisée au lendemain de la course.

Felix Rosenqvist (SWE), Mahindra Racing at ABB FIA Formula E Marrakesh E-Prix 2018 round 3, Marrakesh, Morocco, 13/1/2018. Photo : Jérôme Cambier/Michelin

Tout s’est déroulé sur un circuit semi-permanent en partie construit sur l’avenue Mohamed VI et la Route de l’Ouraki. Long de 2,97 km pour 12 virages, ce tracé marocain est recouvert d’un côté d’un asphalte récent, et d’un autre d’une route urbaine, avec un niveau d’adhérence très bas. Une difficulté supplémentaire pour les pneus, d’autant que la piste, peu utilisée, était très sale au début de la journée. « Les relevés que nous avons pu faire l’année dernière montrent que les premiers passages soulèvent beaucoup de poussière, indique Serge Grisin, manager de Michelin en FIA-Formula E. Mais même si les températures sont fraîches, (8°C degrés le samedi matin de la course, pendant la première séance d’essais libres), la montée en température des gommes ne pose aucun problème car le Pilot Sport EV2 que nous utilisons pour ce championnat a été développé spécialement pour la discipline. En outre, le bitume se montre très peu agressif et nous n’avions quasiment pas relevé d’usure sur nos pneus la saison dernière. Nous sommes donc en plein confiance. »

ABB FIA Formula E Marrakesh E-Prix 2018 round 3, Marrakesh, Morocco, 13/1/2018. Photo : Jérôme Cambier/Michelin

Au soleil succède un brouillard assez épais

Alors qu’un soleil franc était présent le vendredi, un brouillard assez épais est venu perturber la deuxième séance d’essais libres le samedi matin. La première séance du jour s’était quant à elle déroulée sans encombre, mais avec une température extérieure de seulement 8 °C (et 11°C sur la piste).
Heureusement, le mercure est monté pour les qualifications, tout comme la pression auprès des pilotes, dont certains ont commis quelques erreurs leur coûtant cher, la position sur la grille de départ étant devenue de plus en plus importante en Formula E, et notamment depuis les écarts de performances entre les équipes se sont réduits.

Une pole position inattendue pour Renault-e.dams

Si Sébastien Buemi (Renault-e.dams) est un habitué des podiums, il ne part pas souvent en pole position. Cela ne lui était pas arrivé depuis l’E-Prix de Paris, en 2017. Il a cette fois-ci profité de la panne de la monoplace de Lucas Di Grassi (Audi Sport Abt Schaeffler) et de l’écart de trajectoire de Felix Rosenqvist (Mahindra) pendant la super pole pour se hisser en première ligne.
A ses côtés, Sam Bird (DS Virgin Racing), est lui aussi un habitué des gros points, le second rang étant occupé par Felix Rosenqvist et José Maria Lopez, lequel faisait son grand retour en Formula E avec Dragon Racing. On ne l’attendait toutefois pas à ce niveau, la monoplace électrique du team américain n’ayant pas été si bien placée sur une grille de départ depuis la saison 2015-2016.

Sébastien Buemi (CHE), Renault e.Dams at ABB FIA Formula E Marrakesh E-Prix 2018 round 3, Marrakesh, Morocco, 13/1/2018. Photo : Jérôme Cambier/Michelin

Sébastien Buemi flanche à quatre tours de la fin

L’E-Prix de Marrakech a été une course très calme, pour ne pas dire ennuyeuse par moment. Après un départ sans heurt, Buemi imprime le rythme et Bird reste au contact. Donnant une impression de facilité au volant de sa Renault-e.dams, le suisse enchaîne les tours comme un métronome. Derrière, ça bouge un peu plus : André Lotterer, parti dernier (il a été pénalisé pour avoir oublié d’aller faire peser sa Techeetah après les qualifications) gagne trois places. Alex Lynn (DS Virgin Racing), part en tête à queue pendant que Pechito Lopez loupe un freinage sous la pression de Di Grassi et perd trois places.

Nicolas Prost, parti 15ème, commet également une erreur qui lui coûte quelques places. Mais au 8ème tour, alors en 3ème position, Di Grassi stoppe sa monoplace le long des rails de sécurité. C’est la panne, la fin de la course et un autre coup dur pour Audi, que tout le monde attendait à haut niveau avec l’engagement officiel de la marque aux côtés d’Abt Schaeffler, mais qui n’a finalement jamais connu un début de saison aussi mauvais. Juste avant le changement de voiture, aux 16ème ou 17ème tour selon les concurrents, il y a eu un peu plus d’animation à l’avant, avec le dépassement dans les règles de Rosenqvist sur Bird.

Piquet, Vergne et Lopez s’observent…

Derrière les trois leaders, Nelson Piquet (Jaguar), Jean-Eric Vergne (Techeetah) et Pechito Lopez continuent de s’observer sans s’attaquer, à 10 secondes du groupe de tête. Et alors que l’on croit les positions figées, un second coup de théâtre survient à 4 tours de l’arrivée. Rosenqvist, qui est un plus rapide que Buemi, décide de tenter de le dépasser au bout la grande ligne droite. Buemi le voit, hésite à lui fermer la porte ou à maintenir son accélération, mais finit par le laisser passer. On apprendra plus tard que le suisse avait voulu utiliser son FanBoost (un surplus d’énergie utilisable pendant quelques secondes, attribué à trois pilotes à l’issu d’un vote du public sur internet) mais que celui-ci n’avait pas fonctionné… Il avait en fait été programmé dans son autre voiture, mais Buemi a dû inverser ses monoplaces avant de prendre le départ pour remplacer une pièce sur l’une d’entre elles !

Felix Rosenqvist remporte ainsi son deuxième E-Prix consécutif, devant le malheureux Buemi, et Sam Bird, discret pendant 33 tours mais bien présent sur le podium.
Le suédois s’empare ainsi de la tête du championnat, 4 points devant Sam Bird, et à 11 longueurs de Jean-Eric Vergne. Du côté des équipes, Mahindra conforte son avance sur DS Virgin Racing et Techeetah. La prochaine manche du championnat de Formula E se déroulera à Santiago du Chili le 3 février.

Lire aussi : L’essai de l’Alpine A110 du XXIe siècle

Didier LAURENT
Photos : Jérôme CAMBIER, Michelin

Formula E Marrakech 2018 : la galerie photos de L’Agenda de L’Automobile