Formula E / Buenos Aires : Première victoire pour DS-Virgin Racing.

Le ePrix de Buenos Aires vient de se dérouler sous la chaleur accablante de Puerto Madero, à l’est de la capitale argentine. Sam Bird a offert une première victoire à DS-Virgin racing, avec la manière.

RACE_BUENOS_AIRES-95Il n’aura fallut que quatre courses, et pas une de plus, au nouveau team DS-Virgin Racing pour connaître le succès. Certes, les anglais avaient gagné à deux reprises la saison passée. Mais à l’époque tout le monde avait la même voiture, et la bataille technologique n’avait pas totalement commencé.

En s’appuyant sur le constructeur français DS, et plus particulièrement sur Xavier Mestelan-Pinon, nouveau patron de DS Performance mais ancien directeur technique de Citroën Racing qui a mis au point toutes les voitures de Sébastien Loeb, Virgin Racing faisait alors une bonne affaire en s’attachant les services d’une homme de pointe connaissant parfaitement la course automobile.

Et alors que Renault et Audi (via Abt Schaeffler) étaient nettement au-dessus du peloton en début de saison, et que DS avait montré des signes de faiblesse en termes de surconsommation d’énergie, Sam Bird a montré hier une parfaite gestion de ses batteries alors que la température extérieure n’était pas favorable à un bon refroidissement.

Chaud devant, derrière et sur les côtés

ePrix de Buenos Aires2016_pneus Michelin pour tout le mondeEn ce moment du côté de Buenos Aires, la température extérieure descend rarement en-dessous de 25°C… la nuit. Car en journée, on parle plutôt de 35°C à l’ombre. Et jusqu’à près de 50°C au sol ! Une température élevée qui mène la vie dure aux voitures, aux pilotes, aux batteries –il y avait beaucoup d’inquiétude à ce sujet dans le paddock- et évidemment pour les pneus, en contact direct avec le bitume brûlant.

Mais chez Michelin, qui fabrique les pneus pour l’ensemble des concurrents de la Formula E, on se montrait confiant. « L’année dernière nous avons relevé des températures supérieures en piste, jusqu’à 55°C, indique Serge Grisin, le responsable de Michelin en Formula E. Les Michelin Pilot Sport EV, qui sont des pneus que nous avons spécialement développés pour la Formula E, n’ont montré aucun signe de faiblesse. Nous avons offert aux concurrents un niveau de performance élevé, et une excellente longévité. Dès lors, dans la mesure où nous sommes sur la même piste, il n’y a pas de raison pour que les choses se déroulent autrement. »

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Des mouvements dans le paddock

ePrix de Buenos Aires2016_Stéphane Sarrazin_Venturi

Stéphane Sarrazin

Nous ne sommes pas encore à la mi-saison que des changements de pilotes sont déjà intervenus. Venturi a mis fin au contrat de Jacques Villeneuve, qui n’a pas apporté beaucoup à l’équipe si ce n’est un niveau d’exigence qu’elle n’avait peut-être pas encore rencontré, et une bonne exposition médiatique. Son remplaçant est Mike Conway, qui connaît parfaitement l’autre pilote Venturi, Stéphane Sarrazin qui bien qu’il s’en défende est certainement à l’origine de cet recrutement. « Ce que je peux dire, c’est que son nom s’imposait comme l’équipier idéal reconnaît tout de même le pilote français. On se connaît très bien, nous partageons le même baquet en championnat du monde d’Endurance (avec Toyota, Ndlr). On sera tout de suite efficaces. »

Voilà qui a le mérite d’être clair, et qui se vérifiera en outre par la suite. Chez Aguri, l’autre team monégasque engagé en Formula E, pas de changements de pilote mais une équipe technique 100% nouvelle. Tous les ingénieurs sont nouveaux. Parmi les nouveaux membres du team, on notera la présence d’Alex Dardelet, spécialiste des datas, transfuge de chez Dams en GP2, qui aura pour mission « de remettre la voiture droite » afin de repartir sur de bonnes bases. Affaire à suivre.

Essais libres 1 et 2

RACE_BUENOS_AIRES-25Au cours de la première séance, Bird donne le ton. Il survole les débats et il est le seul à descendre sous 1min10s au tour.

Pendant son temps, son coéquipier Jean-Eric Vergne fait grise mine. Comme une bonne trentaine de personnes du paddock, il a été victime d’une intoxication alimentaire et a du passer des examens médicaux. Et en premier lieu, même si le médecin de la FIA lui a donné son feu vert, le team principal de Virgin Racing, Alex Thaï, lui a dans un premier temps interdit de prendre le volant.

Après moult discussions internes, « JEV » finira par intégrer son programme de course à la mi-journée. Et alors que la malheureuse Simona de Silvestro (Andretti) arrachait une roue arrière de sa monoplace en…sortant des stands (un muret sans doute trop proche), les pilotes des tops teams affinaient leurs réglages. A la fin de la seconde séance d’essais libres, Sébastien Buemi et sa Renault-e.dams réalisaient le meilleur tour en 1min08,771, devant Lucas Di Grassi (Abt Schaeffler Audi Sport), et Nicolas Prost sur l’autre Renault.

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Buemi loupe sa qualification

ePrix de Buenos Aires2016_Nicolas Prost et Sébastien Buemi

Nicolas Prost (à gauche) et Sébastien Buemi.

Le suisse, au-dessus du peloton, était attendu au tournant en qualifications. Auteur de deux poles positions en trois courses avant d’arriver à Buenos aires, plus rapide en essais libres, il se présentait comme le favori de la séance.

Mais Sébastien Buemi commettra une faute de pilotage et partira en tête à queue dans son tour rapide… ce qui lui vaudra de s’élancer de la dernière place sur la grille de départ.

Les trois premières lignes seront alors composées de Sam Bird, très en forme à bord d’une DS-Virgin Racing performante, Nicolas Prost, suivi d’un surprenant Antonio Da Costa (Aguri) et Stéphane Sarrazin. Mike Conway, qui a fait sensation pour sa première participation, partagera la troisième ligne avec l’Andretti de Robin Frinjs.

Bird et Buemi rois de la Formula E

RACE_BUENOS_AIRES-27Comme toujours le départ a été donné à 16H04 précises. Avec 32°C dans l’air, 48°C sur la piste et un léger vent, les conditions sont acceptables pour les hommes, plus difficiles pour les machines. Les pilotes de formula E ne doivent pas seulement être performants et rapides, ils doivent également se montrer bon gestionnaire des flux énergétiques de leur voiture, sous peine de ne pas rallier l’arrivée. Pendant les premiers tours, le classement de tête n’évolue pas. Bird tient en respect ses poursuivants directs. Mais entre les 6ème et 10ème places, ça s’agite.

Di Grassi, parti 8ème et qui n’a pas bénéficié de la meilleure voiture le week-end dernier, entrevoit la possibilité, et entreprend d’améliorer sa position. Tout au fond, Buemi a déjà attaqué une remontée fantastique. Bénéficiant d’une monoplace parfaite et pratiquant un pilotage fin, il gagne 9 places en 10 tours. Plus en avant, alors que Conway perd deux places, Di Grassi passe Sarrazin au 8ème tour et Da Costa s’offre la deuxième place alors occupée par Prost.

Mais le plaisir fut de courte durée pour le pilote Aguri, dont la monoplace s’immobilisera en piste au 17ème tour (problème de contacteur de batterie), seulement à quelques secondes de changer de voiture… Nico Prost sera pour sa part un peu plus tard auteur d’un tête à queue qui le fera reculer de plusieurs places, réduisant à néant ses espoirs de podium. Profitant de la sortie de la voiture de sécurité (pour évacuer l’Aguri stationnée en piste), Buemi remonte un peu plus sur le peloton de tête. Alors que Bird et Di Grassi occupent les deux premières places, on assistera ensuite en direct et en caméra embarquée du dépassement de Buemi sur Sarrazin, ce qui fera une occasion de constater que la Renault arrive au moins 20 km/h plus vite que la Venturi en bout de ligne droite…

Au 28ème tour Di Grassi ne pourra plus lutter et se fera également dépasser. C’est alors que Sam Bird a du vivre la fin de course la plus longue de sa carrière, imposant un rythme élevé à un Buemi qui lui mettra une pression à chaque instant, mais qui ne parviendra pas à le doubler avant de passer la ligne d’arrivée. Au final, Bird offre une bien belle victoire à DS-Virgin Racing en réalisant la journée de course parfaite, devant Buemi, parti 18ème mais clairement plus rapide que la majeure partie du plateau, et DI Grassi, qui s’en sort bien au volant d’une voiture en manque de peps.

La prochaine manche du championnat de Formula E se déroulera le 12 mars prochain pour la première fois à Mexico (Mexique)

Texte : Didier Laurent.

Photos : Jérome Cambier

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