Essai Ford Focus RS : RS…pire bien !

Pardon pour le jeu de mots : mais prendre le volant d’une Focus RS, c’est un peu comme prendre un grand bol d’air, avant d’accélérer et de passer les virages en apnée, puis de respirer à nouveau à fond, puis sourire…

Ford2016_FocusRS_07


Chez Ford, ils savent faire : la longue tradition de berlines compactes sportives suivie par la marque depuis des décennies se perpétue avec succès. Et après les très performantes voire sauvages versions RS et RS500 –respectivement 305 et 350 ch sur le train avant- il fallait mettre la barre encore plus haut, notamment en termes de facilité de conduite et d’efficacité. C’est chose faite.

Equipée d’un moteur 2,3 litres turbo dérivé de celui de la Ford Mustang Ecoboost, la Focus focus RS 2016RS développe 350 ch pour un couple de 440 Nm. Mais la grande nouveauté, c’est qu’elle dispose désormais à quatre roues motrices, ce qui aide à faire passer la puissance au sol, et qu’elle utilise une technologie poussée pour mieux gérer sa transmission (voir plus loin).

Bienvenue à bord

A l’intérieur, les deux sièges baquets Recaro impressionnent, et bien entendu maintiennent. Mais sans être ni trop durs ni trop serrés, ce qui est appréciable. En revanche, hormis les trois petits compteurs situés en haut de la planche de bord et un logo RS sur le volant, des attributs sportifs manquent, et le compteur, gradué pourtant jusqu’à 300 km/h (pour une vitesse maxi annoncée à 266 km/h), est quant à lui d’une banalité déconcertante pour une voiture de ce niveau. C’est dommage car la RS est une vraie réussite sur le plan de la conduite, et se montre même suffisamment polyvalente pour être utilisée au quotidien avec ses cinq portes et son niveau général de confort.

[nextpage title= »Joue-la comme Ken Block »]Joue-la comme Ken Block

La conduite en mode Ford Focus RS in New York« normal » annonce déjà la couleur : le bruit du moteur est joli, bien plus, d’ailleurs, que sous le capot de la Mustang. Sonore à l’intérieur, il est mélodieux depuis l’extérieur. Bien posée sur ses Michelin Pilot Super Sport (monte d’origine exclusive, ou Pilot Cup semi-slicks en option), la Focus RS révèle ses bonnes capacités sportives dès les premières accélérations, mais aussi un niveau de sécurité élevé. Même en appuyant à fond sur la pédale d’accélérateur, profitant ainsi d’une longue poussée (le 0 à 100 km/h est abattu en 4,7 s seulement), la transmission intégrale apporte une motricité de tous les instants.

La direction (parfois un peu lourde en conduite normale) ne souffre pas de défaut particulier en termes de ressenti ou de précision,  mais le diamètre de braquage demeure élevé. Juste au-dessus, le mode Sport se rappelle au bon souvenir du conducteur par la tonicité de la réponse à l’accélérateur et le bruit à l’échappement (des clapets génère des bruits au changement de vitesse ou à la décélération). La commande de boîte, bien guidée mais dont on aurait préféré des débattements un petit peu plus courts, participe à l’agrément.

Néanmoins, une bonne Powershift (peut-être plus tard ?) permettrait de mettre encore plus en exergue les talents mécaniques et dynamiques de la RS, en procurant davantage de sensations à l’apprenti pilote. Encore au-dessus, le mode « Circuit » repousse l’entrée en action des aides électroniques, même si les FocusRS_Production_04dispositions technologiques du châssis permettent de ne pas les déclencher en conduisant proprement. Mais pour profiter d’une plus grande mobilité du train arrière, ou se prendre pour Ken Block et drifter, il reste le mode Drift, qui est une nouveauté (un peu marketing mais qui fera plaisir aux apprentis-pilotes) qui s’appuie toutefois sur un vrai savoir-faire technologique.

La Focus RS est en effet équipée d’un arbre de transmission rigide à deux embrayages, lesquels utilisent un système multi-disques électro-hydraulique. Cela permet de renvoyer jusqu’à 70 % de la puissance aux roues arrière, mais aussi de la distribuer entre les roues droite et gauche, ce qui permet non seulement de mieux s’extirper des virages serrés, mais aussi de générer des dérives du train arrière. Résultat, quel que soit son mode de conduite ou son niveau de pilotage, chacun peut prendre du plaisir en toute sécurité (sur circuit pour les deux derniers modes).

Conclusion

Pour moins de 40 000 (39 600 €) hors options et malus, la nouvelle Ford Focus RS établit une nouvelle référence : celle de la compacte sportive hautes performances, qui procure à la fois du plaisir et un fort sentiment de sécurité, tout en étant efficace et confortable, en dépit de ses grandes jantes de 19 pouces et de son amortissement logiquement plus ferme qu’à bord d’une Focus de milieu de gamme. Les esprits critiques mais aussi les incultes évoqueront son style, un peu démonstratif bien que chaque détail ait son utilité, sa couleur «  EDF  » pourtant élégamment utilisée chez Aston Martin.

Les habitués du premium se plaindront quant à eux, légitimement, du style un peu vieillot de la planche de bord, qui n’est pas en adéquation avec le design extérieur. Mais au final, la Ford Focus RS apparaît comme une vraie réussite, en bon antidépresseur automobile. Faut-il demander son remboursement à la sécurité sociale ?

Didier LAURENT
Photos : Ford

A lire aussi : 
Essai Focus ST, l’art du compromis.
Essai Focus RS
Comparatif Focus RS, Mégane RS et Scirocco R