Circuit – Bianchi file à l’anglaise

Jules Bianchi est allé terrasser les protagonistes du championnat de Formule 3 anglaise sur leur terrain, à Portimao (Portugal), où le membre de l’Equipe de France FFSA Circuit et leader de la F3 Euro Series a conquis deux victoires symboliques et historiques.

Que pensez-vous du circuit Portimao qui passe pour être une œuvre d’art ?

Effectivement, c’est un circuit magnifique, tout neuf, très vallonné, avec beaucoup de virages variés et notamment un virage assez intimidant au début car à l’entrée on ne voit pas la sortie. Il faut un temps d’adaptation plus long qu’ailleurs mais c’est très agréable du point de vue du pilotage. En marge du tracé en lui-même, les dégagements sont confortables, un peu comme au Paul Ricard, et les infrastructures sont exceptionnelles.

Jules Bianchi

Deux paramètres essentiels vous étaient inconnus ou méconnus : le circuit, mais aussi les pneus Cooper…

C’est vrai ; j’avais fait connaissance avec ces pneus à Spa mais c’était un peu plus compliqué à Portimao car le circuit est plus complexe à apprendre. A Spa, les lignes droites qui séparent les courbes permettent de reprendre ses esprits alors qu’à Portimao ça s’enchaîne très rapidement. Au début, les pneus ne fonctionnaient pas bien et il nous a fallu énormément travailler pour réussir à les dompter. En fait, ils nécessitent un pilotage radicalement différent ; contrairement aux Kumho de la F3 Euro Series, avec lesquels il faut rentrer très fort dans les virages, et sur les freins, avec les Cooper il faut être beaucoup plus doux et il faut donc modifier et adapter son pilotage.

Vous souffrez souvent de survirage au début de chaque meeting en F3 Euro Series, avec ces nouveaux pneus la donne était-t-elle différente ?

On a eu du mal à trouver nos marques au début, mais le problème venait plus de la dégradation des pneus, fulgurante puisqu’ils étaient morts après un tour !

Avant les qualifications les bookmakers Anglais vous incluaient parmi les favoris pour la pole position. Etait-ce osé ou justifié ?

Je pense qu’on a montré qu’on était dans le coup en essais libres et par rapport à ces résultats là, c’était justifié. Mais il nous en manquait beaucoup en qualifications. Les drapeaux rouges n’ont pas facilité notre progression car je n’avais pas encore fait de tour lancé lorsqu’ils ont été brandis, mais de toute façon on avait un déficit de performance par rapport aux autres. Pourtant, la situation s’est inversée en course, ce qui me fait penser qu’il y a peut-être une manière très spéciale d’exploiter les pneus sur un tour lancé, et qu’on ne l’avait pas trouvée.

La différence en course ne vient-t-elle pas de la baisse des températures et de l’adhérence, qui en a surpris plus d’un ?

Peut-être un peu, oui. Personnellement je n’ai pas été gêné. J’ai perdu une seconde entre les qualifications et la course et quelqu’un comme Chilton en a perdu trois.

Vous avez également gagné beaucoup de temps dès l’extinction des feux, très rapide et qui a pris de court la première ligne !

Oui, j’étais prêt à lâcher le frein au premier changement de luminosité des feux et je suis très bien parti. Je prends de nouveau de bons départs et c’est très agréable car j’avais perdu un peu cette faculté en début d’année.

Les deux victoires n’ont pas été faciles à aller chercher, ne serait-ce que parce que le circuit est complexe et que c’était assez agité dans votre dos…

C’était d’autant moins évident qu’une roue arrière était mal serrée dans la première course. Il nous manquait un peu de performance mais heureusement on a tout remis en ordre pour la seconde, roue et équilibre de l’auto, et j’ai pu faire le meilleur tour en course. Dans la deuxième course c’était compliqué car j’ai pris un bon départ mais j’ai perdu deux places après un contact avec Ricciardo et même si j’ai pu prendre la tête au premier re-start, il y a tellement d’aspiration à Portimao que Van Der Zande a pu me doubler. En le repassant j’ai donc dû redoubler d’efforts pour casser l’aspiration et l’empêcher de constamment revenir dans mes roues.

Vous avez fait preuve d’une grande autorité face à Ricciardo (champion F3 anglaise à Portimao) et pendant les re-start. Est-ce une fierté de montrer aux Anglais que la meilleure des F3 est l’Euro Series ?

Je suis content car on a souvent entendu les Anglais prétexter que si l’on était les meilleurs dans les Masters c’était grâce aux pneus utilisés en Euro Series et qu’ils ne connaissent pas. Là, on a montré que ne pas connaître les pneus n’empêchait pas de gagner ! Je suis surtout content pour l’équipe car elle a beaucoup travaillé pour ces courses et elle avait à cœur d’obtenir un bon résultat à Portimao.

On a récemment beaucoup entendu parler de votre visite dans un paddock F1. Quelles sont les impressions ressenties ?

Ça donne envie d’y arriver. Ça montre en même temps à quel point on en est loin. Il n’y a que deux catégories d’écart entre la F3 et la F1, mais on prend un peu conscience du niveau de professionnalisme et tout ce qu’il faut réunir pour y arriver. Il faut donc encore travailler, mais ça donne envie et ça motive.

Ce week-end, Jules Bianchi retrouvera le plateau de la F3 Euro Series sur le circuit de Catalunya en Espagne.